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Edward Snowden : un geek libertarien

Edward Snowden le dit sur son compte Twitter : il est à l'origine des fuites sur le programme américain de surveillance électronique, et il cherche l'asile. A presque 30 ans, ce gardien de la morale, ou ce "lanceur d'alerte", a quitté une vie "très confortable" pour dénoncer "un monde où tout ce que [l'on] fait ou dit est enregistré".
Article rédigé par Typhaine Morin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Twitter)

En fin
connaisseur des nouvelles technologies, il laisse peu de traces sur le web. Né
le 21 juin 1983, Edward Snowden grandit à Wilmington, en
Caroline du Nord, avant de déménager dans le Maryland, où sa mère
vit toujours. Son père, qui s'est remarié, serait un ancien garde côte et vit
aujourd'hui en Pennsylvanie.

Etudiant
médiocre, il n'a pas terminé ses cours d'informatiques qu'il suivait dans une
université du Maryland. En 2004, il intègre les Forces spéciales américaines, avant
d'être renvoyé à la vie civile quatre mois plus tard, a indiqué un porte-parole
de l'armée américaine au quotidien britannique The Guardian . Lors d'une
formation pour intégrer ce corps militaire, il est victime d'un accident et se casse
les deux jambes.

Il
quitte donc l'armée et trouve un emploi de garde de sécurité dans un des bâtiments
secret de l'Agence de sécurité nationale (NSA) sur le campus de l'Université du
Maryland. Snowden est ensuite engagé par la CIA où il travaille sur la sécurité
des systèmes informatiques. Grâce à sa maîtrise d'internet et à ses talents pour
la programmation informatique, il gravit rapidement les échelons.

Faible intervention dans la vie privée

En
2012, Edward Snowden soutient le conservateur Ron Paul pour l'investiture républicaine
à la présidentielle américaine. Il aurait fait deux dons de 250 dollars (110
euros) pour soutenir la campagne du plus "libéral" des membres de
la Chambre des représentants et du Sénat. Ron Paul est un libertarien, partisan
d'une faible intervention de l'Etat dans la vie privée des citoyens, des
entreprises et des institutions.  

Snowden a
décidé de passer à l'action et de révéler à la presse ces programmes de
surveillance après avoir conclu qu'ils constituaient "des abus" commis au nom de la sécurité. Après l'élection de Barack Obama en 2008, Snowden
a soutenu le président américain, mais a été déçu que le président ne stoppe
pas les pratiques de la NSA.
Mais comment
un jeune homme au parcours si "banal" a-t-il pu avoir accès à de
telles informations ?

Des consultants au renseignement

Depuis
les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis ont discrètement augmenté les moyens
consacrés au renseignement
. Souhaitant réduire les coûts et la bureaucratie, le
gouvernement américain a sous-traité une partie de ses activités de renseignement. "Près
de 30% des effectifs des agences de renseignements sont des consultants"
,
écrivaient en 2010 les journalistes américains Dana Priest  et William M. Arkin,
cités par The Beast Daily . Ainsi, en octobre 2012, environ 1,4 million d'Américains avaient accès à un certain de nombre de dossiers classés top-secret et parmi eux, seule la moitié étaient des
employés direct du gouvernement, 480.000 étaient des consultants. 

Or, depuis
quatre ans, Snowden travaillait à l'Agence de sécurité nationale pour des
sous-traitants, dont Dell ou Booz Allen Hamilton, son dernier employeur. Il était
installé à Hawaï avec sa petite-amie, où ils partageaient une vie "très
confortable"
, selon ses termes. Le jeune homme a même indiqué qu'il
gagnait environ 200.000 dollars par an (150.000 euros). Il y a moins de trois
semaines, avant que The Guardian ne publie ces révélations, il a dit à sa
petite-amie qu'il devait s'absenter pendant quelques semaines. Mais ces
semaines pourraient bien devenir des mois
, voire des années. 

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