Droits des femmes : les 193 pays de l'ONU adoptent une déclaration historique
La violence contre les femmes et les filles ne peut se justifier "par aucune coutume, tradition ou considération religieuse", souligne la déclaration.
L'adoption de cette déclaration (lien en anglais) était loin d'être acquise. Pays musulmans et occidentaux ont finalement réussi à surmonter leurs profondes divergences, vendredi 15 mars, pour dénoncer les violences faites aux femmes et définir un code de conduite pour les combattre. Les femmes âgées de 15 à 44 ans seraient plus nombreuses à décéder de mort violente que du paludisme, du sida ou du cancer réunis, selon un rapport de la Banque mondiale évoqué à la conférence.
Ce que contient la déclaration
A l'issue de près de deux semaines de négociations à New York entre les 193 Etats membres de l'ONU, l'Iran, la Libye, le Soudan et d'autres pays musulmans à l'origine très réticents ont accepté d'inclure dans cette déclaration un paragraphe soulignant que la violence contre les femmes et les filles ne pouvait se justifier "par aucune coutume, tradition ou considération religieuse".
De leur côté, les pays occidentaux, notamment scandinaves, qui poussaient à l'adoption d'un texte vigoureux ont fait des concessions sur le chapitre des droits des homosexuelles et des droits sexuels.
"La Commission [de l'ONU sur le statut de la femme] demande instamment aux Etats de condamner avec force toutes formes de violence contre les femmes et les filles et de s'abstenir d'invoquer toute coutume, tradition ou considération religieuse pour se soustraire à leur obligation de mettre fin" à cette violence, proclame la déclaration. Elle ajoute que les Etats doivent "accorder une attention particulière à l'abolition des pratiques et des lois discriminatrices envers les femmes et les filles ou qui perpétuent ou considèrent comme acceptable la violence exercée à leur égard". Les pays doivent "traiter et éradiquer en priorité les violences domestiques", souligne le texte.
Des négociations très difficiles
Plus de 6 000 représentants de la société civile participaient depuis le 4 mars à cette 57e session annuelle de la Commission de l'ONU sur le statut de la femme. Des applaudissements nourris et des cris de joie ont salué l'annonce de l'adoption du texte tard vendredi soir au siège de l'ONU à New York.
Et pour cause : au cours des négociations, l'Iran, le Vatican ou la Russie s'étaient ligués dans une alliance conservatrice pour tenter d'édulcorer le projet de déclaration finale soutenu par les Etats-Unis, le Canada et les Européens, notamment la Norvège et le Danemark. Cette impasse a menacé jusqu'à la dernière minute de faire échouer la réunion, comme cela avait été le cas en 2003.
Les pays conservateurs s'opposaient aussi à ce que des relations sexuelles imposées à une femme par son mari ou son compagnon soient considérées comme un viol et contestaient des références dans le texte au droit à l'avortement. Les Frères musulmans en Egypte ont estimé vendredi que le texte en discussion à l'ONU était contraire à l'islam et conduirait à la "déchéance totale de la société" en cas d'adoption.
Le langage employé par la déclaration est "susceptible de faire grincer des dents en Iran et dans les autres pays musulmans qui prônent un islam radical", a estimé un diplomate occidental présent à la réunion.
Michelle Bachelet, directrice exécutive de ONU Femmes, a qualifié la réunion d'"historique". Juste après, l'ONU a annoncé que l'ancienne présidente du Chili quittait son poste pour reprendre sa carrière politique dans son pays.
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