Dimanche, 300 salafistes ont tenté d'incendier le siège de la télévision privée Nessma à Tunis.
Après la diffusion vendredi soir du film franco-iranien Persepolis et d'un débat sur l'intégrisme religieux, le siège de la télévision privée Nessma a failli être incendié par 300 salafistes.
"Trois cents personnes ont attaqué notre siège et tenté de l'incendier", a déclaré à l'AFP le président de Nessma Nebil Karoui, ajoutant que sa chaîne avait reçu des menaces de mort après la diffusion vendredi soir du film d'animation de Marjane Satrapi "Persepolis", qui décrit le régime iranien de Khomeiny à travers les yeux d'une petite fille.
"Environ 200 salafistes, rejoints ensuite par une centaine d'autres personnes, se sont dirigées vers Nessma pour attaquer la chaîne. Les forces de l'ordre sont intervenues et ont dispersé les assaillants", a indiqué le porte-parole de l'Intérieur Hichem Meddeb, faisant état d'une centaine d'arrestations.
La diffusion de Persepolis en arabe dialectal tunisien était une première en Tunisie. "Ce film sera en principe rediffusé mardi soir. D'un point de vue éthique et moral, on ne peut rien lui reprocher", a déclaré une cadre de la chaîne sous couvert d'anonymat. Cette cadre précise qu'elle espère que ce genre "d'événement pousse les citoyens indécis à aller voter le 23 octobre, car le danger integriste est imminent."
Plusieurs journalistes de Nessma craignent que les autres locaux de la chaîne en région soient également la cible d'attaques. Selon une journaliste présente lors des attaques, il n'y aurait pas que des salafistes présents sur les lieux. "Nous ne sommes pas des barbus, mais nous sommes contre cette chaîne et son directeur", criaient-ils.
Elle intervient à moins de 15 jours des premières élections en Tunisie depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier. Les Tunisiens sont appelés à élire le 23 octobre une assemblée constituante, un scrutin où les islamistes d'Ennahda sont considérés comme les grands favoris.
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