Des milliers de personnes se sont recueillies jeudi à Istanbul devant les cercueils des victimes de l'assaut israélien
Les 9 victimes officielles de l'abordage israélien de la flottille Free Gaza ont en effet été rapatriées en Turquie: ce sont huit Turcs et un Américain,d 'origine turque.
Les Etats-Unis ont annoncé qu'ils allaient enquêter sur les circonstances de la mort de cet Américain.
Les médecins légistes et experts turcs ont précisé de leur côté que toutes les victimes ont été tuées par balle.
Ils ont trouvé des impacts de balles sur les corps de toutes les victimes et ont établi que l'une d'elles a été tuée par un tir à bout portant. Ils ont précisé que les circonstances exactes des décès seraient mieux connues une fois réalisés des examens balistiques, qui devraient prendre environ un mois.
Slogans anti-Israël et pro-Hamas
"A bas Israël ! Israël est l'ange de la mort !" a scandé la foule rassemblée à Istanbul sur le parvis de la mosquée Fatih, agitant des drapeaux turcs et palestiniens. "Nous sommes les soldats du Hamas !", le mouvement islamiste palestinien qui contrôle la Bande de Gaza, entendait-on. Selon la chaîne de télévision en continu NTV, de 15.000 à 20.000 personnes étaient rassemblées. "Que votre sacrifice soit loué", pouvait-on lire sur une énorme banderole aux couleurs palestiniennes, tendue près de la mosquée. Les cercueils de huit des victimes étaient alignés devant les fidèles, recouverts de drapeaux palestiniens et turcs, tandis que des imams conduisaient la prière.
Une de ces victimes devait être enterrée à Istanbul dans la journée, les autres dans leur ville d'origine. Une autre cérémonie est prévue vendredi pour la neuvième victime.
Le Président turc Abdullah Gül a déclaré jeudi que "les relations entre la Turquie et Israël ne seront plus jamais les mêmes", après cette intervention de l'armée israélienne en haute mer. La Turquie, qui entretenait jusqu'à ces dernières années des relations étroites avec Israël, a rappelé son ambassadeur à Tel Aviv.
Manifestation hier soir pour le retour des militants de la flottille
Plus de 10.000 personnes s'étaient déjà rassemblées mercredi soir à Istanbul pour fêter en héros les militants turcs de la flottille de retour au pays . Beaucoup de ceux venus attendre le retour des militants brandissaient des drapeaux palestiniens et clamaient "Israël meurtrier", tandis qu'un groupe brûlaient un drapeau israélien.
Au moment de l'assaut, 682 personnes se trouvaient à bord des six bateaux de la flottille.
Témoignages
Le président de la Fondation pour les droits de l'homme et la liberté (IHH), qui se trouvait à bord du Mavi Marmara, témoigne à son retour en Turquie: "Oui, nous avons pris leurs armes. Cela aurait été de la légitime défense y compris si nous en avions fait usage. Nous avons dit à nos amis à bord: 'Nous allons mourir, devenons des martyrs, mais ne soyons pas de ceux qui ont eu recours aux armes à feu. Par cette décision, nos amis ont accepté la mort et nous avons jeté toutes les armes que nous leur avions prises à la mer", a expliqué Bulent Yildirim, ajoutant que les passagers avaient imploré les soldats de ne pas tirer. Il a raconté qu'un médecin indonésien avait été blessé par balle à l'abdomen alors qu'il portait assistance à un militaire israélien blessé.
Selon des Koweitiens qui se trouvaient sur la flottille mercredi : "les commandos israéliens ont commencé à tirer sans sommation. Ils ont tué plusieurs volontaires avant même de débarquer sur le bateau", a raconté aux journalistes l'avocat Moubarak al-Moutawa, qui se trouvait à bord du bateau turc Mavi Marmara, le plus grand des six navires de l'expédition. "Je vous assure qu'aucun des volontaires n'avait d'arme à feu. Nous n'avions d'autres armes que des ustensiles de cuisine et les volontaires n'ont engagé aucune résistance", a-t-il ajouté à son arrivée à l'aéroport.
La rupture avec la Turquie
Le drame a plongé l'Etat hébreu dans une grave crise diplomatique, en particulier avec la Turquie. Ankara a menacé de "revoir entièrement" ses relations avec Israël si ses citoyens détenus après le raid n'étaient pas libérés avant mercredi soir.
Israël a commencé à rapatrier les familles de son personnel diplomatique à Ankara, a indiqué mercredi matin la radio publique israélienne. La Turquie avait rappelé la veille son ambassadeur à Tel-Aviv. Israël a demandé à ses ressortissants de ne plus se rendre en Turquie.
"Je condamne de la manière la plus forte ce massacre sanglant", a déclaré le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. "Cette attaque insolente et irresponsable qui piétine toute vertu humaine doit absolument être punie", a-t-il ajouté.
Lors d'une conversation téléphonique avec M. Erdogan, le président américain Barack Obama a "exprimé ses sincères condoléances pour les vies perdues et les blessés résultant de l'opération militaire israélienne".
Le Nicaragua a suspendu mardi ses relations diplomatiques avec Israël en réplique au raid meurtrier, réaffirmé son soutien "inconditionnel à la lutte menée par le peuple palestinien" et exigé la levée du blocus de la bande de Gaza.
L'Afrique du Sud a rappelé jeudi son ambassadeur en Israël.
Un nouveau navire s'approche de Gaza
Un autre bateau est en route pour Gaza. Parti d'Irlande le bateau "Rachel Corrie" (nom d"une Américaine tuée dans la bande de Gaza en 2003 par l'armée israélienne) a appareillé lundi de Malte avec quinze militants à son bord, dont l"Irlandaise Maired Corrigan-Maguire, lauréate du prix Nobel de la paix en 1976. Ce bateau transporte 1 200 tonnes de matériel médical, de chaises roulantes, de fournitures scolaires et de ciment.
Or Israël a réaffirmé qu'il entendait maintenir le blocus de Gaza alors que le "Rachel Corrie" devrait arriver en début de semaine prochaine.
Le blocus de Gaza par Israël doit être "levé immédiatement", a déclaré mercredi le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Ce blocus est "contre-productif, intenable et immoral", a-t-il ajouté.
A Voir aussi :
L'interview Daniel Bensimon, député travailliste israélien ("les 4 vérités" du 02-06-2010)Lire aussi :
>> La lettre de Régis Debray à un ami israélien
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