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Départ des militaires français : le Mali est-il prêt ?

Le Parlement vote ce lundi la prolongation de l'intervention française au Mali. Sans surprise il devrait voter pour. Il reste encore 4.000 militaires français dans ce pays, qui n'est, apparemment, pas pressé de les laisser partir. La réconciliation entre les Maliens semble compliquée.
Article rédigé par franceinfo
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Franceinfo (Franceinfo)

Les combats contre les djhadistes
maliens ont débuté il y a trois mois. Et maintenant ? Le Parlement doit se
prononcer ce lundi sur la prolongation de l'opération militaire française au
Mali.

Ce débat est prévu par la loi. Au-delà de trois mois d'intervention militaire française à
l'étranger, il doit y avoir l'approbation du Parlement pour continuer. Le vote des
parlementaires ne devrait pas réserver de surprise, députés et sénateurs ayant
jusqu'à présent soutenu massivement l'intervention.

Dispositif
allégé

Lors de son
déplacement à Bamako en février, François Hollande avait déclaré que la France "resterait
le temps qu'il faudrait"
.
Vendredi
dernier, le président de la République a répété que le retrait serait "progressif "
en "fonction de la situation ".

"Dès lors que nous
avons libéré l'ensemble du territoire, sécurisé la totalité des villes, nous
n'avons plus à avoir la même présence (...) En même temps, nous devons nous
assurer que les troupes - africaines notamment - vont avoir la même
efficacité", ce qui "prendra du temps" (François Hollande)

Depuis
mi-avril, les militaires français quittent petit à petit le Mali. Les premiers soldats sont rentrés en France le 11 avril. Il
reste moins 4.000 hommes sur place.
Cinq avions
de chasse, Rafale et Mirage 2000D ont également été désengagés.

Selon le calendrier fixé par le gouvernement, les effectifs français devraient
être ramenés à 2.000 hommes en juillet à un millier fin 2013, pour une durée
indéterminée.

Ces derniers hommes passeront le relais force
de l'ONU au Mali, la Minusma. "Nous avons convenu que,
désormais, c'était aux Nations Unies, dans le cadre d'une opération de maintien
de la paix, de faire en sorte que le Mali puisse non seulement retrouver sa
souveraineté, c'est fait, son intégrité, sa sécurité, mais assurer son avenir
pour les prochains mois
", a déclaré François Hollande lors d'une
rencontre avec le président Ethiopien la semaine dernière.

> A revoir VIDEOS | Les reportages de nos envoyés spéciaux au Mali 

Difficile réconciliation

Le président par intérim, Dioncounda Traoré, a promis la tenue d'une élection
présidentielle. La date n'a pas été fixée mais la France et la communauté
internationale lui mettent la pression pour qu'elle ait lieu en juillet.

Un rapport de la commission de
la Défense et des Affaires étrangères du Sénat, estime qu'il est urgent de "consolider
d'urgence le processus de réconciliation malien
". Mais, les sénateurs
Jean-Pierre Chevènement et Gérard Larcher écrivent que "le
dialogue avec le nord, qui n'a pas commencé, est le nœud gordien de la reconstruction
de l'Etat et de la refondation politique du Mali
".

Selon eux, la volonté de
réconciliation des Maliens n'est pas pas avérée. Une commission nationale "dialogue
et réconciliation"
 a récemment était créée
par décret.

"Je
ne vois pas de volonté des Maliens de s'investir pour reprendre le contrôle de
leur pays" (Axel Poniatowski)

Pour Axel
Poniatowski, vice-président UMP de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée
nationale, la France ne va pas pouvoir partir tout de suite. Il s'abstiendra de
voter ce lundi mais confie qu'il n'était pas, à la base, en faveur d'une "intervention
terrestre"
des forces françaises. Il se serait contenté d'une
intervention "aérienne". 

Il estime lui aussi ne pas voir de "volonté des Maliens de s'investir pour reprendre le contrôle
de leur pays
". Aujourd'hui, le Mali "ne fonctionne et ne résiste "
selon lui, que "grâce à la présence des Français ".

Peu de
respect des droits de l'Homme

Dans une tribune
écrite ce lundi sur Le Monde.fr , Jean-Marie Fardeau, le
directeur d'Human Rights Watch France, parle de son récent déplacement au Mali.
Il a tenté de dresser un premier bilan de cette guerre en matière de respect des droits
humains.

Il raconte
qu'un entre le sud du Mali et le nord, "un no man's land s'est
créé en matière d'Etat de droit et de protection des civils
",
expliquant, "les forces de  police et de gendarmerie sont,
elles, encore peu présentes, sauf dans les villes de Tombouctou, Gao ou
Douentza. La justice
 est
absente : le procureur de la République le plus au nord du pays ne se trouve
qu'à Mopti
".

Selon lui, une vingtaine d'exécutions extrajudiciaires, une
trentaine d'arrestations "arbitraires" et plusieurs cas d'actes de
tortures on été observés.

Sur le
terrain, l'armée continue ses opérations

Les
militaires français poursuivent en ce moment leurs opérations dans le nord contre
les groupes islamistes qui occupent cette zone. Ils se trouvent notamment dans
la région de Gao. Selon l'Etat-major, ce sont surtout des opérations de "sécurisation
des zones reprises
" : Gao, Tombouctou et Kidal, qui étaient aux mains des djihadistes.

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