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De 100.000 à 150.000 personnes ont manifesté samedi dans dix villes israéliennes

Au lendemain de manifestations monstres contre la cherté de la vie, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a répondu que l'application des réformes demandées conduiraient le pays à une crise économique similaire à celle que traverse l'Europe et les Etats-Unis.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Banderoles des manifestants à Tel-Aviv, le 30 juillet 2011 (AFP/JACK GUEZ)

Au lendemain de manifestations monstres contre la cherté de la vie, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a répondu que l'application des réformes demandées conduiraient le pays à une crise économique similaire à celle que traverse l'Europe et les Etats-Unis.

"Il nous incombe d'éviter de prendre des mesures irresponsables, précipitées et populistes qui pourraient entraîner le pays dans la même situation que certains pays européens, qui sont proches de la banqueroute et du chômage de masse", a déclaré le Premier ministre.

"Nous nous départirons pas de nos principes. Nous ne laisserons pas la place à l'anarchie", a dit Yuval Steinitz, membre du Likoud, la droite israélienne. Des manifestants ont demandé aux autorités de restreindre le pouvoir des industriels, accusés d'augmenter artificiellement le prix des produits de consommation par le biais de cartels tolérés par Benjamin Netanyahu et ses prédécesseurs.

Dimanche, à l'ouverture du Conseil des ministres, M. Netanyahu a annoncé qu'il allait nommer une "équipe inter-ministérielle chargée de présenter un plan pour alléger le poids économique (qui pèse) sur les citoyens", selon un communiqué officiel.

Un peu plus tôt dimanche, le directeur général du ministère israélien des Finances, Haim Shani, a démissionné sur fond de contestation sociale grandissante contre le coût de la vie. "J'ai pris cette décision difficile en raison de désaccords de longue date sur des questions essentielles et sur la gestion globale", explique Shani dans un communiqué.

Même si la coalition conservatrice de Benjamin Netanyahu devrait tenir jusqu'aux prochaines élections de 2013, les sondages montrent une dégringolade de la cote de popularité du chef du gouvernement, passant de 54% d'opinion favorable en mai à 32% fin juillet.

Manifestations samedi

A Tel-Aviv, plus de 50.000 manifestants se sont rassemblés samedi avant d'entamer une marche au centre ville, arborant des drapeaux israéliens ainsi que des drapeaux rouges. Les manifestants, en majorité des jeunes laïcs, ont réclamé un retour à un "Etat providence" tel qu'il avait été mis en place dans les premières années de l'Etat.

La protestation porte sur l'aggravation des inégalités sociales et la dégradation des services publics, notamment dans le domaine médical et de l'éducation.

Le principal slogan des participants à la manifestation est: "le peuple veut la justice sociale pas la charité".

Les manifestants ont arboré dans une ambiance de kermesse des drapeaux israéliens ainsi que quelques drapeaux rouges.

"Je suis venue parce que je n'arrive plus à boucler les fins de mois et que l'argent des impôts va dans les poches des magnats", confie une manifestante, qui dirige un jardin d'enfants.

A Jérusalem, quinze mille manifestants se sont rassemblés devant la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu, arborant des banderoles avec l'inscription "Toute une génération veut un avenir".

A Haïfa (nord), 10.000 personnes sont descendues dans les rues.

Les manifestants ont fustigé le Premier ministre, accusant le pouvoir d'être au service de magnats de la finance, s'insurgeant contre la force des monopoles et des cartels en Israël, et réclamant la baisse des impôts indirects.

Boycottage du fromage blanc
Pour la première fois depuis que le mouvement a été lancé il y a un mois, la minorité arabe qui souffre de discriminations particulières s'y est associée, par des manifestations à Nazareth dans le nord d'Israël et dans la localité de Baka al Garbyeh au nord est de Tel-Aviv.

Les classes moyennes, écrasées par le coût de la ville, sont à l'origine du mouvement de contestation. Selon elles, cette situation résulte d'une économie de marché contrôlée par quelques familles.

Le boycottage du fromage blanc lancé sur Facebook est à l'origine de la fronde. Elle a été ravivé par une étudiante qui a planté sa tente au centre de Tel-Aviv pour clamer sa détresse face aux loyers chers.

Soutenue par l'Association israélienne des étudiants, par les partis de l'opposition, par des artistes qui ont chanté lors des rassemblements et, plus récemment, par la centrale syndicale Histadrout, cette initiative s'est répandue comme une traînée de poudre.

Des camps de toile existent aujourd'hui dans la plupart des villes du pays. La protestation s'amplifie malgré les promesses lancées dans l'urgence par le Premier ministre Benjamin Netanyahu de réformer le marché de l'immobilier.

Ce mouvement social est le plus important depuis quatre décennies en Israël.

Selon un sondage publié mardi par le journal Haaretz, 87% des Israéliens soutiennent le mouvement de protestation et 54% se disent "mécontents" de la gestion de cette crise par M. Netanyahu.

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