Débris, boîtes noires, victimes : ce que nous apprend l'enquête sur le crash du vol MH17
Selon le "New York Times", des photos de la carlingue du Boeing 777 permettent d'affirmer que l'avion de la Malaysia Airlines a bien été abattu par un missile. Mais l'enquête sur place se révèle toujours aussi compliquée.
Rien n'est simple dans cette enquête. Cinq jours après le crash d'un Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines dans l'est de l'Ukraine, assurant la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur, avec 298 personnes à bord, les enquêteurs se heurtent à des problèmes diplomatiques et logistiques. Avec 193 ressortissants tués, les Pays-Bas seront en charge de l'enquête, "à la demande de Kiev". "Nous découvrirons toute la vérité", a assuré le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte.
Mais dans cette zone de guerre, sous contrôle des rebelles pro-russes soupçonnés par les Occidentaux d'être à l'origine du drame, difficile de mener à bien cette opération. Alors que le Premier ministre australien, Tony Abbott, a déploré mardi 22 juillet que le site de l'accident ait été altéré "à une échelle industrielle", francetv info fait le point sur les éléments à disposition des experts chargés de faire la lumière sur cette catastrophe.
Des photos de débris riches en informations
Que peut-on apprendre des restes de la carlingue ? A priori, l'essentiel, soit "d'où est parti le tir [du missile]". Lundi, le président russe Vladimir Poutine a obtenu que l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), agence des Nations unies, constitue une commission internationale pour diriger les recherches sur le site du crash, explique Le Monde.fr. Arrivée dimanche en Ukraine, leur "tâche s'annonce réduite sur le terrain". Cette équipe "devra, à terme, étudier les enregistrements de contrôle aérien, les repérages effectués par les radars et les images satellitaires. D'autres équipes d'experts judiciaires seront chargées de trouver des preuves susceptibles d'aboutir à des poursuites pénales."
En attendant l'ouverture d'un accès sûr au site, des photos réalisées par les journalistes sur place permettent à des experts internationaux d'avancer de premières hypothèses. Ainsi, le New York Times (en anglais) assure détenir une preuve que le vol MH17 a bien été abattu par un missile. En analysant des clichés de débris de l'appareil malaisien criblés d'impacts, un expert des questions de défense avance que c'est bien un missile sol-air SA-11 qui a touché le Boeing 777. Comme l'explique le quotidien américain, ce type d'arme explose à une distance comprise entre 30 et 100 m de sa cible et la crible d'éclats. Ce qui tend à confirmer l'hypothèse émise par les autorités américaines, selon laquelle l'avion aurait pu être abattu par un missile Bouk.
Invention russe datant de l'ère soviétique, ce système permettait de s'attaquer aux avions militaires occidentaux, plus petits et rapides. Ainsi, même si ces derniers parvenaient à éviter le missile, ils pouvaient tout de même être endommagés par des éclats de shrapnel, explique le New York Times. Selon Reed Foster, spécialiste des questions de défense chez IHS Jane’s, les impacts visibles sur les débris du Boeing démontrent aussi qu'il a été victime d'une attaque extérieure. Enfin, les photos témoignent d'une série de petits impacts sur la carlingue, incompatibles avec une explosion du moteur. "A 800 km/h, un avion de ligne se disloquerait rapidement", poursuit le site du quotidien.
La représentation des Etats-Unis à l'Otan a publié mardi sur Twitter une image de la trajectoire du missile qui aurait touché l'avion de la Malaysia Airlines. Selon celle-ci, il est parti tout près de la frontière russe.
United States assessment of the downing of Flight #MH17 & its aftermath: http://t.co/iv5PmgZ1py pic.twitter.com/6bmeigJ9Hj
— US Mission to NATO (@USNATO) July 22, 2014
Les boîtes noires vont révéler leurs secrets
Les boîtes noires permettent d'enregistrer les conversations dans la cabine de pilotage et les données techniques du vol. Il est peu probable, cependant, qu'elles puissent fournir des renseignements permettant de déterminer l'origine du tir ayant probablement abattu l'avion malaisien.
Toutefois, les deux enregistreurs de vol, récupérés par les rebelles pro-russes qui contrôlent la zone où est tombé le Boeing 777, ont été remis lundi soir à des responsables malaisiens. Lorsque La Haye aura pris officiellement la décision de conduire cette investigation, les Néerlandais reprendront les boîtes noires et les enverront en Grande-Bretagne, a précisé le ministère du Développement régional dont le chef, le vice-Premier ministre Volodymyr Groïsman, conduit l'enquête côté ukrainien. Les enregistrements y seront enfin décryptés.
Les corps des victimes bientôt identifiés
Enfin, reste à identifier les passagers, dont les corps sont attendus par les familles. Un avion transportant les premières dépouilles des victimes du vol MH17 arrivera mercredi aux Pays-Bas. Leur identification pourrait prendre jusqu'à plusieurs mois, a assuré le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte. Il a confirmé que le train réfrigéré, où des corps ont été rassemblés, est arrivé mardi matin dans la ville de Kharkiv, en territoire loyaliste, après avoir quitté Torez, contrôlée par les rebelles pro-russes, lundi soir.
Le nombre exact de dépouilles se trouvant à bord n'est pas encore connu mais selon l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), quelque 200 cadavres y seraient entreposés. "Des informations non confirmées font état de 282 corps, a précisé Mark Rutte. Dès qu'une victime sera identifiée, la famille sera informée en priorité, et personne d'autre."
Un groupe d'une vingtaine d'experts médico-légaux est arrivé lundi dans le secteur, à la suite d'une première équipe néerlandaise. Selon leur coordinateur, le Néerlandais Michel Oz, cité par Le Monde.fr, "ce groupe compte des experts du FBI, une unité allemande spécialisée dans l'identification des victimes d'accident, ainsi que des officiels britanniques et australiens. Des envoyés de Malaisie et des experts d'Interpol doivent également les rejoindre. Ces derniers ont déjà été à l'œuvre lors de la catastrophe du vol AF 447 d'Air France, entre Rio et Paris, notamment."
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