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Cours du pétrole au plus bas : une baisse qui ne fait pas que des heureux

Les cours du pétrole sont à leurs plus bas niveaux depuis la crise financière de 2009. Un véritable «contre choc pétrolier» qui s’explique par une offre surabondante. L’Opep dépasse actuellement de 30 millions de barils jour son plafond théorique. Le retour de l'Iran sur le marché ne va rien arranger. Un coup dur pour les pays producteur comme le Nigeria, l’Algérie, le Venezuela et la Russie.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
La chine absorbe 10% de la production mondiale de pétrole (AFP/ Weng Jie/ Imaginechina)

 
De 112 dollars le baril de pétrole en juin 2014, le Brent de la mer du Nord est passé un an plus tard sous la barre des 60 dollars. Le 14 août 2015 il tombait sous les 50 dollars. Une réaction des marchés aux signes de ralentissement de l’économie chinoise. La Chine absorbe 10% de la consommation de pétrole.
 
Si la croissance mondiale reste languissante, l’Agence Internationale de l’Energie ne décèle aucun ralentissement de la production depuis novembre 2014, date où les pays membres de l’Opep ont décidé de maintenir leurs quotas de production pour contrer l’expansion du pétrole de Schiste américain. Les pays producteurs «continuent de produire à tout allure en dépit d’un effondrement des prix» affirme l’Agence International pour l’Energie qui pointe «le pompage musclé» de l’Opep, Arabie saoudite et Irak en tête.
 
Retour de l'Iran sur le marché
Le pétrole de schiste américain aujourd’hui moins rentable, a bien commencé à décliner. La production américaine, devrait baisser de 200 000 barils jours au deuxième semestre 2015, et de 360 000 b/ j en 2016 selon les estimations du département de l’Energie américain. Mais l’offre excédentaire mondiale évalué à 2 millions de barils jours devrait perdurer avec le retour annoncé de l'Iran sur le marché. le  12 aout 2015, la suisse annonçait une reprise des achats de pétrole iranien. De son coté Téhéran affirme pouvoir augmenter immédiatement sa production de 500 000 barils jours. ce qui devrait encore déprimer les cours. La Banque mondiale estime, qu’une levée des sanctions contre l’Iran fera baisser le prix du brut de 10 dollars. Il faut également regarder du coté de la Libye qui à réduit ses exportations en raison du chaos politique, mais qui pourrait revenir à sa production d’avant crise.
 
Cette chute  des cours est plutôt une bonne nouvelle pour l’Europe. Selon le FMI, une baisse de 10% du prix du baril, c’est 300 milliards de dollars qui passent des mains des pays producteurs dans celles des pays consommateurs. Une baisse de 30%, c’est un surplus de croissance de 0,8% pour les économies européennes. un hypothèse qui ne semble pas encore se concrétiser.
Un pétrole à moins de 50 dollars peut également entraîner une baisse des prix et des salaires, ouvrant le risque d’une spirale déflationniste.IL peut surtout provoquer un arrêt des investissements dans les pétroles bitumineux canadiens ou l'offshore profond le long des côtes  brésiliennes difficile à atteindre.
 

Retour attendu de l'Iran sur le marché pétrolier après l'accord sur le nucléaire iranien (Reurters/ Leonhard Foeger)

les principaux perdants
 Il y aura aussi de nombreux perdants, en premier lieu les pays producteurs ultra dépendants.  Au Nigeria, le pétrole représente 80% des revenus du pays, 95% en Algérie mais aussi la Lybie, l’Angola, le Soudan, le Gabon...etc
 
L’Algérie, le Venezuela et la Russie semblent particulièrement fragilisés. Ces pays ont amassé un matelas de devises lorsque le pétrole caracolait au dessus de 100 dollars, mais leurs cagnottes s’épuisent rapidement. L’Algérie à commencé à puiser dans son bas de laine, estimé à trois ans de réserves de change
 
La situation est plus  grave pour le Venezuela, dont le pétrole représente 95% des exportations du pays. Le président Maduro affirmait récemment, qu’en dessous de 100 dollars, le budget du pays ne pouvait pas s’équilibrer. Une baisse des cours de 30 dollars sur un an, entraîne un manque à gagner de 20 milliards de dollars pour le pays. Un choc pour Caracas, qui importe l’essentiel de ses biens de consommation.
 
La Russie est également touchée. Le pétrole constitue avec le gaz 70 % de ses exportations. Une baisse de 10 dollars du prix du pétrole, fait perdre 30 milliards de recettes à Moscou. Alors que son économie souffre déjà des sanctions occidentales (suite à l'annexion de la Crimée) et de la dégringolade du rouble.
 
Des prix bas jusqu'en 2017
Sur le long terme les prix du pétrole ne peuvent que remonter affirment pourtant les spécialistes. A l’horizon 2030 la demande mondiale de pétrole devrait passer de 92 à 110 millions de barils jour. «Les Chinois et les Indiens vont continuer à s’équiper en automobiles…Pour y répondre il faudrait découvrir deux Arabies Saoudites» affirme l’analyste Mourad Preure. Le pétrole de demain, sera plus technologique et donc plus cher à produire. Mais selon la Danske Bank l’or noir ne devrait par amorcer de vrai rebond avant la fin 2016. Un contre choc pétrolier qui semble faire plus perdants que de gagnants.
 
 

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