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L'essai nucléaire qui menace l'alliance Pyongyang-Pékin

Malgré les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, lui interdisant le développement d'une technologie nucléaire et balistique, la Corée du Nord a effectué le 12 février 2013 son 3e essai nucléaire depuis 2006. Et ce malgré les avertissements de la communauté internationale en général et de la Chine en particulier.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Image officielle de Kim Jong-Un, le 1er janvier 2013. Le jeune leader nord-coréen a désormais à son actif un essai nucléaire et deux lancements de fusées longue portée. ( AFP PHOTO / KCNA via KNS)

Pyongyang, qui avait évoqué le 24 janvier un tir «de haut niveau», avait laissé supposer qu’il testerait une bombe à uranium ou effectuerait plusieurs essais avec les deux technologies (uranium et plutonium). Ce dernier tir, d'une puissance de 6-7 kilotonnes, a montré l'utilisation d'une bombe miniaturisée, ce qui fait dire aux experts qu'il s'agit d'une technologie au plutonium.
 
Comme en 2006 et 2009, l'essai a eu lieu sur le site nucléaire de Punggye-ri, implanté dans une région montagneuse à quelque 100 kilomètres de la frontière chinoise et 200 de la frontière russe.
 
Un acte de défiance vis-à-vis des Chinois
De quoi alarmer les voisins du frondeur nord-coréen, notamment la Chine, l’allié de toujours qui aujourd’hui grince des dents. Pékin, humilié par cet acte de défiance, s’est empressé de condamner «fermement» le tir. Même si les récriminations se sont faites moins virulentes qu’une semaine auparavant, quand Pyongyang avait annoncé un prochain essai. Les Etats-Unis et ses alliés avaient alors réfléchi à la réponse à apporter, la Chine – une fois n’est pas coutume – avait, elle, parlé de «rupture» et menacé de réduire fortement son aide économique au régime stalinien.

La Chine vote une nouvelle résolution contre Pyongyang


Pékin avait en effet exprimé sa ligne via le Global Times, journal du groupe du Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste chinois. Dans plusieurs éditos, on pouvait lire une alternance de menaces et d’avertissements au régime de Kim Jong-un. Une première entre les deux alliés.
 
Ainsi, après avoir prévenu le 25 janvier que la Chine «n'hésitera pas à réduire son aide à la Corée du Nord en cas de nouvel essai nucléaire», le même journal récidivait le 6 février suivant en lançant : «Pékin et Pyongyang devraient partager les mêmes inquiétudes quant à la possibilité d'une rupture des relations.» Avant de conclure : «Pyongyang est important pour la Chine», mais Pékin «ne mettra pas ses relations avec Pyongyang au-dessus de ses intérêts stratégiques».
 
Une longue alliance entre les deux pays
Pékin qui, en tant que membre du Conseil de sécurité de l’ONU, doit faire face à des responsabilités mondiales, entretient aussi une alliance régionale stratégique avec Pyongyang.
 
Image de l'agence officielle nord-coréenne, KCNA, le 12 décembre 2012, montrant le lancement d'une fusée Unha-3 et d'un satellite Kwangmyongsong-3. A cette date, Pyongyang a confirmé avoir lancé une fusée de longue portée, réussissant dans sa mission de placer un satellite en orbite. (KNS / KCNA / AFP)
Ce qui relativise les menaces de l’empire du Milieu très préoccupé par la stabilité de la Corée du Nord. En effet, la Chine ne veut surtout pas contribuer à faire chuter le régime de Kim Jong-Un, dont l’économie repose essentiellement sur les aides internationale et chinoise, notamment alimentaires et énergétiques. La réunification des deux Corées sous la bannière de Séoul fait craindre au grand frère chinois le renforcement de la présence militaire américaine dans la région.
 
Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU sur la même ligne
Quant au Conseil de sécurité de l’ONU, qui va statuer en urgence sur ce nouveau cas de «violation grave des résolutions», il avait évoqué début février des «mesures décisives», «très  fortes», soulignant que les 15 membres du Conseil, dont les Chinois, étaient «unis et déterminés» sur ce point.
 
Si les pourparlers à six sur le nucléaire nord-coréen (deux Corées, Etats-Unis, Japon, Russie et Chine) sont au point mort depuis décembre 2008, cet épisode pourrait bien accélérer une action ferme de ces puissances et fissurer – peut-être – un peu plus les relations entre Pékin et Pyongyang.


La Corée du Nord ne lâche rien
Refusant de se plier à quelque résolution que ce soit, Pyongyang a argué, par la voix d’un de ses diplomates, que «si Séoul veut la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne, elle ferait bien d'inciter les Etats-Unis à mettre fin d'abord à leur politique hostile envers la Corée du Nord, sur une base impartiale.»
 
Après les avertissements du Conseil de sécurité de l’ONU ayant suivi le tir d'une fusée à longue portée en décembre 2012, le régime stalinien avait menacé : «La République populaire démocratique de Corée a tiré la conclusion définitive qu'elle aura à prendre une mesure plus forte qu'un essai nucléaire pour faire face aux initiatives menant à une guerre nucléaire des forces hostiles qui sont de moins en moins masquées.» On sait que la Corée du Sud est à portée de l’artillerie et des missiles nord-coréens, dont le rayon d'action va jusqu’au Japon.

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