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Après Kim Jung-il, Kim Jung-un: et maintenant ?

Après la mort de Kim Jung-il, que va devenir la Corée du Nord ? Pour l’universitaire et éditeur Patrick Maurus, qui se rend régulièrement à Pyongyang, la situation du pays ne devrait pas changer fondamentalement dans les années à venir. Patrick Maurus a notamment traduit le premier roman nord-coréen publié en Europe (en 2011 chez Actes Sud), « Des Amis » de Baek Nam-Ryong.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Foule nord-coréenne pleurant la mort de Kim Jong-il à Pyongyang le 19 décembre 2011 (AFP - KCNA via KNS)

Où en est aujourd’hui la Corée du Nord ?

En deux ans, l’évolution a été colossale, en dépit du discours ambiant en Occident qui voudrait que tous les Coréens du Nord soient irradiés ou morts de faim. Je précise que ce jugement sur l’état du pays est partagé par tous ceux qui se rendent dans le pays : journalistes, membres d’ONG… Aujourd’hui, que se passe-t-il ? Ce pays a décollé. Il y a encore deux ans, il y avait des coupures de courant, les cheminées d’usines ne fumaient plus, les hôtels étaient vides. Aujourd’hui, la machine est repartie. Il n’y a plus de coupures, les cheminées fument. A Pyongyang, on voit surgir des gratte-ciel. On trouve partout des immeubles en cours de ravalement. Les hôtels sont pleins, notamment de Russes et de Chinois. De nombreux Coréens du Nord ont des téléphones portables. L’un des principaux problèmes reste les transports, notamment  les infrastructures routières.

Le régime de Kim Jong-il s’est appuyé sur la classe moyenne. Il s’est efforcé de la satisfaire en ouvrant des magasins où l’on peut acheter en devises des produits d’importation très chers. L’entrée est libre. Chacun a le droit de posséder des devises, et donc d’y acheter ce qu’il souhaite. En général, il n’y a pas grand chose à dépenser puisque tout est payé par l’Etat. Alors, on dépense dans ces magasins l’argent amassé !

Comment expliquer ce décollage ?

La Corée du Nord, pays à l’origine riche en ressources minières, a réussi à faire repartir l’exploitation de ses mines (entre autres de charbon) inondées à plusieurs reprises, entre 1997 et 2007. Précisons au passage que ces inondations, combinées à des erreurs politiques, notamment des déforestations, sont à l’origine des famines qu’a connues ce pays récemment. Dans le même temps, celui-ci a conclu une série d’accords avec la Chine et la Russie. Du gaz russe est acheminé par gazoduc alors que des dizaines de milliers de Nord-Coréens travaillant en Sibérie envoient de l’argent à leurs familles.

De son côté, la Chine s’est totalement mis du côté de Pyongyang, notamment en raison de l’attitude américaine qui redéploye ses forces dans le Nord-Ouest du Pacifique. Pékin paierait ainsi 15 milliards d’euros pour louer des infrastructures portuaires à Sinuiju, à la frontière occidentale entre les deux pays, et débouché indispensable pour son économie. Une véritable manne ! 

Que va changer la mort de Kim Jong-il et son remplacement par Kim Jong-un ?

Politiquement rien ! La succession de Kim Jong-Il a été préparée et organisée depuis longtemps. Aussi dictatorial soit-il, un régime ne repose jamais sur un seul homme. L’armée reste aux commandes. L’intronisation de Kim Jong-Un, sert à montrer à l’opinion nord-coréenne que l’héritage du fondateur du régime, Kim Il-sung, son grand-père, sera maintenue. Ce dernier représentant l’identité de la Corée du Nord.

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