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L’Europe lève ses barrières aux importations chinoises
L’Union européenne n’a pas le choix. Pour se mettre en conformité avec l’Organisation mondiale du commerce, elle doit accorder à la Chine le statut d’économie de marché. Face aux menaces d’invasion de produits à bas prix, elle assure qu’elle contrôlera toute distorsion de concurrence. Ce qui ne rassure pas tout le monde.
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Les origines
Quand en 2001 la Chine est entrée dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC), elle a été reconnue comme économie non marchande. La Chine, à cette occasion, a accepté plusieurs mesures discriminatoires vis-à-vis de produits vendus moins chers à l’export que sur le marché intérieur chinois. C’est ainsi que l’OMC définit le dumping. «Dans tous les cas, les sanctions antidumping sont l’apanage d’industries concentrées, capitalistiques et à coûts fixes élevés, comme la sidérurgie, la chimie ou encore le textile», écrit dans sa lettre le CEPII.
Dans la pratique, peu de produits chinois sont concernés par les mesures anti-dumping. «Moins de 1% des importations», nous dit-on à la Commission européenne.
Quelles conséquences ?
Clairement, et c’est bien ce qui inquiète en Europe, les importations en provenance de Chine augmenteraient en volume de 3,9 à 5,3%, selon les méthodes de calcul. Mais cette hausse des importations ne se ferait pas au détriment de la production européenne, elle impacterait les concurrents extra-européens de la Chine. Toujours selon le CEPII, «la production domestique est, en revanche, peu affectée: les importations chinoises s’y substituent plus difficilement et elle est plus importante, en valeur, que les importations».
Et pourtant, tout le monde crie au loup en Europe. De nombreuses entreprises européennes s’inquiètent, avançant le chiffre de 250.000 emplois en jeu. Comprendre, 250.000 emplois menacés. On pense bien évidemment au secteur de l’acier, particulièrement menacé, alors que le groupe indien Tata veut vendre ses usines du Royaume-Uni. «Entre 1995 et 2014, l'Union européenne a lancé 99 procédures antidumping contre la Chine, soit 28% du total des procédures initiées», rappelle la fondation Robert Schuman.
Le choix de Bruxelles
On s’oriente malgré tout vers une réforme du statut de la Chine. L’Union va retirer la notion de «non économie de marché» de ses textes. Elle va ouvrir «a priori» ses frontières à tous les produits. Mais l’Union contrôlera l’absence de tout dumping. Elle sanctionnera dès qu’il y aura clairement une distorsion de concurrence de la part d’un partenaire. Elle appliquera alors une pénalité anti-dumping selon ses propres règles de calcul. Cela vaudra pour tous les partenaires de l’Union, même ceux qui ont le statut d’économie de marché depuis longtemps.
Ainsi, en 2013, l’Argentine a été poursuivie pour des pratiques de dumping sur les exportations de carburant biodiesel. L’enquête a montré que grâce à ce dumping, le carburant sud-américain a doublé sa part de marché en Europe, passant de 9 à 18% des ventes. L’Union a imposé des taxes variant de 6,8 à 10,6% sur les importations argentines.
Le calendrier
Quoi qu’il en soit, les nouvelles mesures ne s’appliqueront pas le 12 décembre au matin. Car l’Union européenne va devoir mener toute sa procédure à terme. En particulier cette nouvelle disposition devra passer devant le Parlement européen. En mai 2016, lors un débat non contraignant, la majorité des députés s’était élevée contre une décision «hasardeuse» qui «contribuerait au suicide de l’industrie européenne».
Bref, rien n’est gravé dans le marbre. De tous côtés des voix s’élèvent pour demander de ne pas accorder le statut d’économie de marché à la Chine. La méthode proposée devrait, selon la Commission européenne, calmer les inquiétudes. D’autant que Donald Trump a mis la pression à Bruxelles. Les Etats-Unis n’ont pas l’intention de dérouler le tapis rouge aux produits chinois.
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