Les relations commerciales entre Pékin et Hong Kong 15 ans après la rétrocession
Sept millions d’habitants, dont 94% de Chinois (Cantonais), vivent dans cette île au statut particulier. Région administrative spéciale de la République populaire de Chine, elle possède une large autonomie (promise jusqu’en 2047 par Pékin) et certaines libertés démocratiques en vertu du principe «un pays, deux systèmes» (socialiste en Chine, capitaliste à Hong Kong).
En face, la république populaire de Chine et ses 1,34 milliard d’âmes est la seconde économie de la planète : son taux de croissance est le plus élevé au monde sur les dix dernières années. La Chine a attiré en 2011 pour 123 milliards de dollars d'investissements étrangers directs, elle-même investissant pour 65 milliards hors de ses frontières.
D'après le World Investment Report 2011 de la Cnuced, Hong Kong arrivait à la troisième place mondiale en termes d'investissements directs étrangers en 2010, et s'est maintenu à la seconde place en Asie après la Chine. En 2011, Hong Kong a attiré pour 83 milliards d'investissements directs étrangers et a investi 81 milliards à l’extérieur.
Un accord pour des profits communs
Le 29 juin 2003, les deux parties ont conclu un accord commercial bilatéral (Closer Economic Partnership Arrangement ou CEPA) signant l'engagement des autorités de Pékin au maintien de la prospérité de Hong Kong contre la possibilité pour la République populaire de faire d’importants profits. La suppression des droits de douane pour de nombreux produits exportés vers la Chine continentale fait partie du deal.
Entré en vigueur au 1er janvier 2004, le CEPA est le mécanisme clé à l’origine du renforcement de la coopération financière entre les deux territoires. Grâce à lui, Pékin a ouvert son marché à toutes les entreprises (hongkongaises ou étrangères) implantées dans l’île, sachant que les nombreux atouts de Hong Kong en font une destination privilégiée pour les investisseurs. Au premier chef sa position stratégique, porte d’entrée au marché chinois, mais aussi son statut de port franc, son régime fiscal incitatif, sa sécurité juridique et ses infrastructures performantes.
La finance, clé de voûte de l'économie
Hong Kong est un centre de services pour les nombreuses entreprises asiatiques qui commercent avec le continent. Textile, électronique, électroménager, informatique et télécommunications sont les principaux acteurs industriels.
Le secteur tertiaire, surtout les services financiers, y est toutefois le moteur de l'économie et contribue à environ 90% du PIB avec plus de 85% de la population active y travaillant. Et aujourd’hui, l'industrie du tourisme explose, notamment en raison de la forte augmentation des touristes chinois.
Pékin contrôle plus que jamais l'exécutif
A l’été 2011, Li Keqiang, le vice-Premier ministre chinois l’a confirmé : le commerce de services entre la Chine et Hong Kong sera entièrement libéralisé d’ici la fin du plan quinquennal, en 2015.
Et comme garant au fragile équilibre entre la mère patrie et «l’enfant gâté», le chef de l'exécutif hongkongais est choisi par un comité électoral pro-Pékin de 1.200 grands électeurs, issus notamment des milieux commerciaux et financiers.
Le 25 mars 2012, le changement s’est donc fait dans la continuité avec l’élection à la tête du territoire, de moins en moins autonome, de Leung Chun-Ying, un businessman choisi, comme ses trois prédécesseurs depuis quinze ans, sur sa capacité à ménager Pékin et les milieux d'affaires.
La Chine continentale a renforcé son contrôle avant le 1er juillet 2012
NTDTV, le 27 juin 2012
Une pression chinoise mal vécue
Quoi qu’il en soit, les milliards de dollars injectés par leurs voisins chinois ne suffisent pas aux Hongkongais : ils supportent de moins en moins leur présence dans l’île, les accusant de pomper leur protection sociale (de nombreuses femmes accouchent à Hong Kong) ou d’être la cause de la montée des prix de l'immobilier (parmi les plus élevés au monde)...
Une étude récente a révélé que 79% des habitants de l'ancienne colonie britannique s'identifient de préférence comme Hongkongais plutôt que comme Chinois. Autant de signes auxquels la Chine ne manquera pas de répondre en resserrant les boulons !
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