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Les mingongs, ces Chinois étrangers en Chine

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
La vague de suicides dans les usines Foxconn en 2010 avait attiré l’attention des médias et mis au jour les conditions de travail et de vie extrêmement difficiles des travailleurs chinois, en particulier des mingongs, ouvriers-paysans nomades.

23 photos illustrent ce propos.

Sept milliards d'habitants vivent sur Terre et la grande majorité d’entre eux seront logés dans le futur dans des mégapoles. Six des dix plus grandes cités de la planète se trouvent en Asie et 43% de la population de ce continent est citadine.
 
En 2020, la population chinoise sera plus urbaine que rurale, atteignant 75% de la population totale.
 
 (REUTERS/Jianan Yu)
Si jusqu’aux années 80, le gouvernement essayait de dissuader les paysans de partir travailler dans les villes, le boom économique de la Chine et son ouverture à l’économie de marché ont totalement changé la donne. Avec comme corollaires décollectivisation de l'agriculture,  l'industrialisation massive et développement des grandes villes,
 
Dans ce contexte, l’Etat a dû faire appel à une main d’œuvre croissante et bon marché, les , ouvriers-paysans. (REUTERS/Jason Lee)
L’exode des migrants, originaires des provinces les plus pauvres, comme celles du Sichuan, du Henan, du Hunan, de l’Anhui, du Zhejiang et du Jiangxi, s’est accentuée au cours des années 1990 et 2000, principalement vers les pôles de croissance que sont les grandes villes de la côte Est.
 
Depuis 1979, 242 millions de paysans ont émigré vers les villes.
 
 (REUTERS/Sheng Li)
Les migrants constituent désormais entre un quart et un tiers de la population des grandes villes. A Pékin, un tiers de la population totale est constituée de migrants. (REUTERS/Jianan Yu)
Ils sont donc devenus partie prenante du développement économique urbain. Quand ils ne travaillent pas sur les immenses chantiers du BTP, ce sont souvent les investisseurs étrangers qui font régulièrement appel à leurs services pour leurs usines.  Quand un  salon de l'emploi a lieu à Pékin, les demandeurs d'emploi s'y bousculent.

Aujourd’hui, on estime que quatre ouvriers sur six sont des migrants. (REUTERS/Jason Lee)
Dans les années 50, l’Etat chinois a mis en place le hukou, un système d’enregistrement pour pouvoir contrôler les déplacements de sa population et éviter ainsi un flux trop important de paysans vers les villes.
 
Ce passeport interne indique le lieu de résidence (ville/campagne) et si la personne est un ouvrier ou un agriculteur. (REUTERS/Jianan Yu)
Ce hukou assure le versement de différentes prestations sociales, selon le lieu de résidence initiale. Mais le système pénalise les migrants qui, arrivés en ville, ne bénéficient pas des mêmes droits que ceux qui possèdent un hukou citadin. (REUTERS/Jianan Yu)
Que ce soit au niveau du logement, de la santé, de l’éducation et même des contrats de travail. Et il est pratiquement impossible de changer de hukou.

Dans ces conditions, nombre de migrants deviennent de fait des clandestins. (REUTERS/Jason Lee)
Pour ces hommes et ces femmes venus de la campagne, les semaines de travail sont souvent éreintantes, car beaucoup sont obligés de faire des heures supplémentaires, de travailler la nuit et parfois les week-ends.
 
Les journées peuvent durer 15h et une seule semaine de vacances est accordée durant toute l’année. (REUTERS/Aly Song)
Beaucoup de patrons peu scrupuleux n’hésitent pas à profiter d’un manque de cadre légal pour exploiter ces travailleurs. Les salaires sont parfois payés avec des mois de retards, ou pire non-payés quand ils quittent leur emploi.
 
Certains chefs d’entreprise n’hésitent pas à exercer sur eux un véritable chantage en leur réclamant de l’argent avant l’embauche pour les empêcher de quitter leur emploi. (REUTERS/Bobby Yip)
Les migrants s’entassent dans des sortes de bidonvilles fait s de containers ou dans des dortoirs aménagés spécialement pour eux à l’intérieur des usines. Tous restent donc proches de leur lieu de travail.

Si cette vie en communauté peut entraîner une forte solidarité, elle les coupe des autres populations urbaines. (REUTERS/Aly Song)
Dans les grandes villes comme Shanghai ou Pékin, un nouveau problème est train d’apparaître avec la destruction de quartiers entiers où logent les migrants. En principe, il s’agit d’opérations immobilières destinées notamment à leur fournir des logements. Mais ces logements sont trop chers pour eux. Les migrants se retrouvent alors sans toit.
 
En cinq ans, dans la capitale, plus des deux tiers de ces quartiers ont été détruits, alors que  Pékin compte 3,4 millions de ces travailleurs. (REUTERS/Aly Song)
Nombre de migrants préfèrent se séparer de leurs enfants plutôt que de les emmener avec eux. Car dans de nombreuses villes, ceux-ci n’ont pas le droit d’être inscrits à l’école.

Si récemment le gouvernement a assoupli cette règle, les frais de scolarité demeurent souvent beaucoup trop élevés pour les parents. (REUTERS/Daniel Wallis)
La plupart de ces enfants ne sont donc pas scolarisés ou alors dans des écoles gérées par les migrants eux-mêmes.

Mais ces centaines d’établissements, créés ces dernières années, n’offrent absolument pas le même niveau ni la même qualité d’enseignement que les écoles publiques. (REUTERS/Jianan Yu)
Dans ce contexte, plus de vingt millions d’enfants sont restés dans leurs villages natals, élevés uniquement par leur mère ou simplement leurs grands-parents.

Beaucoup de pères perdent peu à peu leurs attaches familiales. (REUTERS/David Gray)
Autre source d’inquiétude pour les migrants, la maladie et ses conséquences. Ce ne sont pas que des masques anti-poussière que les migrants réclament. 

Même si le gouvernement a créé récemment une couverture universelle, cette population reste encore  pour la plupart exclue du système de santé.  (REUTERS/Stringer)
De plus, sans indemnisation ou presque en cas d’arrêt de travail, beaucoup préfèrent attendre le dernier moment avant de se faire soigner, car un arrêt maladie signifie un arrêt immédiat de salaire avec le risque de perdre son emploi définitivement. (REUTERS/Stringer)
L’arrivée de ces migrants dans les villes est reconnu par l’Etat comme très bénéfique pour l’économie du pays, car ils participent activement au développement de leur régions d’origines. Notamment quand ils envoient régulièrement une partie de leur salaire à leur famille.
 
 (REUTERS/Stringer)
Si certains arrivent à percevoir un salaire décent, ils évitent de dépenser leur argent de façon superflue. Leur  téléphone portable et la télévision sont souvent leur seul luxe.

Mais dans la grande majorité, ces travailleurs sont pourtant devenus les nouveaux pauvres de cette Chine en pleine croissance. (REUTERS/Jianan Yu)
La réduction de la pauvreté est donc devenue une priorité des autorités qui prévoient de créer 45 millions d’emplois dans les zones urbaines.


Les autorités sont conscientes que la pauvreté des  est source de problèmes et d’instabilité politique. Près de 500 manifestations ont lieu quotidiennement dont la plupart leur sont attribuées.
 
 (REUTERS/Stringer)
Depuis plusieurs années, les migrants n’hésitent plus à protester contre leurs conditions de travail.
 
Mais le syndicat officiel All China Federation of Trade Unions ne les défend pas. Bien au contraire. Dans ce contexte, de nombreuses organisations indépendantes se sont créées ces dernières années. Si elles n’ont pas de statut légal, elles ont permis aux salariés de s’organiser. (REUTERS/Bobby Yip)
Aujourd’hui, la deuxième génération de migrants est beaucoup plus vigilante que celle de ses parents sur les conditions de travail. Beaucoup étudient les contrats avant de les signer. Ils prennent ainsi en compte les possibilités de promotion, les débouchés ou même la réputation de l’employeur.
 
Si leurs parents espéraient retourner sur leurs terres, eux pensent s’installer définitivement en ville pour bénéficier du boom économique. (REUTERS/Stringer)
Les différences de traitement entre les citadins permanents et ces travailleurs temporaires créent une scission, un climat de méfiance de part et d’autre. Les migrants sont accusés de «voler» les emplois et même d’être responsables de la délinquance.
 
Les nouvelles classes moyennes et supérieures, qui ont émergé ces dernières années, les traitent souvent avec mépris. (REUTERS/Stringer)

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