Leçon de bouddhisme de Pékin au dalaï-lama
La cause tibétaine ne semble plus faire recette. Le soutien à l’existence d’un Tibet autonome a atteint son paroxysme lors des Jeux olympiques de Pékin en 2008. Depuis, le silence est un peu retombé autour de cette région-pays, dont la Chine a réduit l’autonomie depuis 1959.
Il faut dire aussi qu’en abandonnant tout rôle politique en 2011, le dalaï-lama a peut-être fait baisser l’attention de l’opinion internationale pour son pays. Le nouveau représentant politique du Tibet est peu, voire pas connu. Lobeang Sangay, le chef du gouvernement en exil, était à Paris en mars 2015. «Au Tibet, rien n'a changé. En fait, c’est même devenu pire», a-t-il déclaré devant des parlementaires français.
Des relations conflictuelles
Les relations entre le Tibet et la Chine ont toujours été compliquées. La souveraineté de la Chine y a souvent été mise à mal depuis le début du XXe siècle. A chaque fois, le dalaï-lama en exercice a tenu un rôle politique. En 1911, il proclame l’indépendance du Tibet à la faveur de l’effondrement de la dynastie Qing.
Mais en 1949, Mao affirme la souveraineté de la Chine et met des moyens militaires pour contrôler le pays. Un accord assure une autonomie à la région et instaure un gouvernement local dirigé par le dalaï-lama. Mais le pays est secoué par des soulèvements jusqu’à l’insurrection de 1959 et l’exil du gouvernement tibétain en Inde.
La fin de l’institution du dalaï-lama ?
Les propos de Tenzin Gyatso, quatorzième dalaï-lama ont fait l’effet d’une bombe. En substance, il considérait que la fonction était très aimée et que désigner un quinzième dalaï-lama faisait courir un grand risque : «Si un quinzième dalaï-lama venait et faisait honte à la fonction, l’institution serait ridiculisée.» En fait, Tenzin Gyatso avance en âge (79 ans) et voit s’annoncer l’heure de sa succession. Or, Pékin maître du Tibet pourrait installer à Lhassa un chef spirituel tibétain à sa botte. Il est donc préférable de saborder l’institution.
Crime de lèse-majesté pour Pékin
Depuis le XVIIe siècle, un conseil de sages choisit un enfant comme successeur du dalaï-lama. L’actuel, Tenzin Gyatso, a été trouvé en 1937, il avait deux ans ! Les Chinois ne s’en laissent pas compter. Au point d’atteindre des sommets de cynisme en rappelant les canons du bouddhisme tibétain et la réincarnation du dalaï-lama. Celle-ci doit se faire avec «l’approbation du gouvernement central», faute de quoi «sa réincarnation est illégale» cite le site du Point.
Diantre ! On ne s’attendait pas à un tel combat spirituel de la part d’un gouvernement qui se revendique (encore) du communisme. Quoiqu’il en soit, la succession ou non du dalaï-lama n’est pas encore à l’ordre du jour. Tenzin Gyatso a déclaré attendre l’âge de 90 ans avant de consulter les instances bouddhistes. Il en a 79…
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