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Hong Kong : des manifestants auraient été passés à tabac par des mafieux chinois, une violence "sans précédent"

Un groupe d'hommes masqués a attaqué dimanche des manifestants anti-gouvernementaux, en fin de manifestation. Selon Antoine Bondaz, enseignant-chercheur, "le parti communiste chinois utiliserait ces mafias pour envoyer des messages".

Article rédigé par franceinfo
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Des attaques brutales contre des manifestants pro-démocratie aux mains d'agresseurs suspectés d'appartenir aux triades, le 21 juillet 2019 à Hong Kong. (PHILIP FONG / AFP)

Des images violentes de manifestants pro-démocratie frappés dans une station de métro de Hong Kong par des hommes vêtus de blanc, ont fait le tour des réseaux sociaux ce week-end. Les faits se sont déroulés dimanche 21 juillet, après un rassemblement de 400 000 personnes dans la cité-Etat.

Hong Kong connaît une vague de contestation qui ne faiblit pas depuis le 9 juin. L'opposition affirme que ces casseurs sont des membres de gangs mafieux chinois, les fameuses triades. Selon Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et enseignant à Sciences Po, invité sur franceinfo lundi 22 juillet, ce serait la première fois, si c'est le cas, que ces mafieux s'en prennent directement à des manifestants.

franceinfo : Est-ce qu'on avait déjà vu les triades intervenir dans le conflit à Hong Kong ou est-ce qu'il y a un nouveau palier qui est franchi ?

Antoine Bondaz : C'est déjà arrivé que les triades aient un rôle sur les questions de politique générale mais qu'elles s'opposent directement à des manifestants et qu'elles remettent en cause un droit fondamental à Hong Kong, le droit de manifester, c'est sans précédent. La violence a choqué une grande partie des Hongkongais. La plupart des manifestants sont relativement jeunes et n'ont jamais connu un tel niveau de violence.

Les triades, c'est une mafia extrêmement puissante, ce sont des centaines de milliers de familles en Chine ?

Ce sont plusieurs groupes criminels, il n'y a pas un seul groupe, il y en a plusieurs. Elles se sont réfugiées en partie à Hong Kong à la fin des années 40 et au début des années 50 notamment, quand le parti communiste a pris le pouvoir en Chine. Et depuis quelques années, il y a une porosité entre ces traides et le parti communiste. Le parti communiste chinois utiliserait ces mafias pour envoyer des messages. C'est une hypothèse : cela permet au gouvernement central à Pékin de ne pas envoyer l'armée populaire de libération.

Pourquoi Pékin ne veut pas du tout jouer l'apaisement à Hong Kong alors que la crise est en train de s'enliser ?

Il y a une radicalisation des deux côtés, tant des manifestants, que des autorités. Ce week-end, le bureau de liaison, le représentant de Pékin à Hong Kong, a été dégradé par des manifestants. C'est une humilition pour Pékin car l'autorité même de Pékin sur Hong Kong est remise en cause. La réponse des autorités centrales va être extrêmement forte. Aujourd'hui, dans la presse chinoise, il n'y avait aucune mention du rôle de ces mafias et des passages à tabac mais uniquement de la dégradation de bureau de liaison.

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