Dialogue Taïwan-Chine: le rapprochement en ligne de mire
Les bureaux en question auront pour tâche de régler les problèmes des Chinois installés dans l'île et des deux millions de Taïwanais qui vivent en Chine (surtout à Shenzhen, Pékin ou Shangai).
Ce nouveau signe tangible d’ouverture a été rendu possible par une conjonction d'intérêts économiques et la volonté de Pékin d’adoucir sa position politique. De son côté, Ma Ying-jeou, le président taïwanais, a lui aussi œuvré au rapprochement entre les deux voisins.
A Taïwan
Depuis son arrivée au pouvoir en 2008, des lignes aériennes (600 vols hebdomadaires à partir de 27 villes chinoises) et maritimes directes ont été ouvertes de chaque côté des rives du détroit.
Ma Ying-jeou a orchestré des accords économiques avec Pékin, favorisant les échanges commerciaux. Aujourd'hui, la Chine est le premier partenaire commercial de l’île.
L'ancienne Formose fait travailler quelque 23 millions de personnes en Chine dans 91.000 sociétés dirigées par des entrepreneurs privés taïwanais, les taishang. Ces entreprises (électronique, chaussures, jouets) ont augmenté leurs investissements dans l’Empire du Milieu.
L’économie taïwanaise est passée de celle d’un pays pauvre dans les années 60 à celle d’un pays développé (23e PNB mondial, 18e exportateur) aujourd’hui. L’île s’est spécialisée dans la production électronique grand public et la hi-tech. En 2011, le revenu par habitant avoisinait les 37.000 dollars US, autant que l’Allemagne ou le Danemark.
Le développement insulaire et son système démocratique ont permis d'affirmer l'identité taïwanaise. Mais le développement pourrait être bridé à terme par un taux de fécondité en chute libre, en dessous d’un enfant par femme (2011). Et aussi un chômage de plus de 5% et des disparités sociales alimentant des tensions.
En Chine
De son côté, la Chine a réduit, voire supprimé depuis 2010, certaines taxes à l’importation de produits taïwanais pour favoriser les échanges.
Elle a aussi commandé, selon le site Igadi, «une quantité importante de produits agricoles à Taïwan jusqu’à fin 2010». Quant aux autorités de Fujian, «une province située en face de l’île», elles ont décidé «de promouvoir une zone économique qui servira de plate-forme de coopération entre les deux rives du détroit de Taïwan».
En bref, la Chine continentale a multiplié «les offres faites aux entreprises taïwanaises afin qu’elles soient plus présentes sur (son) territoire, augmentant ainsi son niveau d’attrait, après la lente diminution des obstacles qui limitaient les relations et l’activation des facteurs facilitant la communication, depuis les transports jusqu’à la langue ou la culture», précise le site. Un moyen de faire des hommes d'affaires taïwanais les alliés de la réunification?
Chaque année, Taïwan voit débarquer quelque 17.000 étudiants et deux millions de touristes chinois (4 millions sont attendus en 2014), dont 90% reviennent chez eux avec de bonnes impressions de l’île, selon le représentant en France de Taïwan sur France Culture.
Taipei reste méfiant
Pour autant, à Taïwan, l’opinion publique affiche la prudence, d’autant que la menace d’une invasion chinoise n’est pas écartée. Pékin, qui considère l’île comme faisant partie de son territoire, ne lâche pas l’idée d’une réunification. Et ce ne sont pas les récents propos du président chinois, Xi Jinping, selon lesquels il faut avancer rapidement sur le dossier du rapprochement, qui vont rassurer Taipei.
Quoi qu’il en soit, les relations se développent inexorablement entre les deux parties.
Prochaine étape, une rencontre entre les deux chefs d’Etat ? Il est encore trop tôt pour l’envisager. En effet, la population s'accroche à sa démocratie et à son indépendance. Et des membres du propre camp de Ma Ying-jeou refusent pour l'heure un rapprochement avec la Mère Patrie qui demeure l'ennemi politique.
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