Cet article date de plus de neuf ans.
Charlie Hebdo: la Chine condamne l'attaque «barbare» mais...
A Pékin, on condamne sans ambages l’attaque «barbare» contre Charlie Hebdo. Avec deux bémols cependant : les autorités font un parallèle avec le Xinjiang et elles estiment aussi qu’il faut «s’interroger sur le contenu des dessins» du journal satirique. Lesquels ont pu «heurter certains groupes musulmans». Sur l’internet chinois, on n’est pas forcément sur la même longueur d’onde.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 3min
«Nous sommes profondément choqués par cette attaque et nous la condamnons fermement», indiquait le 8 janvier 2014 le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, relayé par le site de l’agence officielle Xinhua (Chine Nouvelle). Une attaque qualifiée de «barbare» par le site en français du Quotidien du Peuple (officiel).
La condamnation a été confirmée le lendemain par un éditorial du journal en anglais Global Times, proche du pouvoir de Pékin. «La lutte contre le terrorisme implique un haut niveau de solidarité au sein de la communauté internationale. Le monde est toujours uni quand il s’agit de réagir à des attaques qui se produisent en Occident. Mais quand c’est au tour de l’Occident de réagir à de telles attaques en Chine et en Russie, celui-ci tourne souvent autour du pot», écrit l’éditorialiste. En clair, quand la presse occidentale évoque les violences au Xinjiang, elle «met des guillemets pour décrire ces évènements sanglants disant qu’il s’agit d’une affirmation du gouvernement chinois».
Pour Global Times, les pays occidentaux doivent apprendre à se placer «dans la perspective» des personnes qui n’en sont pas originaires. Et dans cette perspective, «ce que Charlie Hebdo a publié n’est pas tout à fait défendable et il est compréhensible que certains musulmans se sentent blessés par les dessins du magazine», estime le journal. Qui s’empresse de préciser : «Cela ne justifie en rien une telle attaque qui a dépassé les bornes civiles de toutes les sociétés».
La liberté de la presse doit «respecter les sentiments des autres», poursuit le journal chinois. Cette liberté, qui «appartient au système politique et social de l’Occident, est l’une de ses valeurs fondamentales. Mais en cette époque de mondialisation, quand les actes (de cette liberté, NDLR) contredisent les valeurs fondamentales d’autres sociétés, l’Occident devrait avoir conscience qu’il convient d’atténuer les conflits plutôt que de les intensifier».
Tel est le point officiel. Et du côté du citoyen, qu’en est-il exactement ? Là, la tonalité est différente : on en a un aperçu en consultant internet. Sur Weibo, système hybride entre Twitter et Facebook où s’exerce une certaine liberté d’expression, sont «forwardés» des dessins de soutien à Charlie Hebdo.
«L’idée que la provocation radicale est contre-productive est relayée par de nombreux internautes, mais le point de vue contraire s’exprime, dans des proportions légèrement supérieures semble-t-il», précise Les Echos. «Il y a ceux, enfin, qui osent évoquer plus clairement le fond du débat dans le contexte chinois. Cela implique des formulations tout en doigté. Wuyue Sanren, par exemple, un commentateur respecté, précise bien qu’il ne parle que de religion avant d’écrire que ‘‘pour garder sa légitimité, il faut être capable de se confronter à tous les sarcasmes possibles’’».
La condamnation a été confirmée le lendemain par un éditorial du journal en anglais Global Times, proche du pouvoir de Pékin. «La lutte contre le terrorisme implique un haut niveau de solidarité au sein de la communauté internationale. Le monde est toujours uni quand il s’agit de réagir à des attaques qui se produisent en Occident. Mais quand c’est au tour de l’Occident de réagir à de telles attaques en Chine et en Russie, celui-ci tourne souvent autour du pot», écrit l’éditorialiste. En clair, quand la presse occidentale évoque les violences au Xinjiang, elle «met des guillemets pour décrire ces évènements sanglants disant qu’il s’agit d’une affirmation du gouvernement chinois».
Pour Global Times, les pays occidentaux doivent apprendre à se placer «dans la perspective» des personnes qui n’en sont pas originaires. Et dans cette perspective, «ce que Charlie Hebdo a publié n’est pas tout à fait défendable et il est compréhensible que certains musulmans se sentent blessés par les dessins du magazine», estime le journal. Qui s’empresse de préciser : «Cela ne justifie en rien une telle attaque qui a dépassé les bornes civiles de toutes les sociétés».
La liberté de la presse doit «respecter les sentiments des autres», poursuit le journal chinois. Cette liberté, qui «appartient au système politique et social de l’Occident, est l’une de ses valeurs fondamentales. Mais en cette époque de mondialisation, quand les actes (de cette liberté, NDLR) contredisent les valeurs fondamentales d’autres sociétés, l’Occident devrait avoir conscience qu’il convient d’atténuer les conflits plutôt que de les intensifier».
Tel est le point officiel. Et du côté du citoyen, qu’en est-il exactement ? Là, la tonalité est différente : on en a un aperçu en consultant internet. Sur Weibo, système hybride entre Twitter et Facebook où s’exerce une certaine liberté d’expression, sont «forwardés» des dessins de soutien à Charlie Hebdo.
«L’idée que la provocation radicale est contre-productive est relayée par de nombreux internautes, mais le point de vue contraire s’exprime, dans des proportions légèrement supérieures semble-t-il», précise Les Echos. «Il y a ceux, enfin, qui osent évoquer plus clairement le fond du débat dans le contexte chinois. Cela implique des formulations tout en doigté. Wuyue Sanren, par exemple, un commentateur respecté, précise bien qu’il ne parle que de religion avant d’écrire que ‘‘pour garder sa légitimité, il faut être capable de se confronter à tous les sarcasmes possibles’’».
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.