Centrafrique : premier jour du difficile désarmement des milices
Le climat est très nerveux, tout est très confus à Bangui, racontent les envoyés spéciaux de France Info. Lundi, l'armée française a entamé le désarmement des milices et groupes armés qui sèment la terreur depuis des mois dans les rues de la capitale centrafricaine. Ces hommes en armes, qui, il y a quelques jours étaient partout, déambulant à pied ou sillonnant les rues à bord de pick-up bondés, sont dorénavant presque invisibles dans les rues.
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L'opération de désarmement vise expressément les combattants de l'ex-Séléka, majoritairement musulmans. Certains d'entre eux ont accepté l'ordre de se cantonner dans leurs casernes, raconte l'envoyée spéciale de France Info sur place, ils sont des centaines reclus dans les quatre grands camps Séléka de la capitale Bangui.
Mais d'autres sont moins dociles : dans le 8e arrondissement de Bangui, des soldats français arrêtent des pick-ups, fouillent les miliciens, les font s'agenouiller, leurs armes sont saisies sous les hourras de la foule.
Mais le désarmement ne se fera pas en un jour. Dès que les Français ont le dos tourné, les violences reprennent de plus belle. Aimé, chrétien de 32 ans rencontré par notre envoyée spéciale, a très peur : "Ces gens de la Séléka demande pourquoi les gens applaudissent le désarmement, c'est pourquoi ils nous ont tiré dessus". Aimé et sa famille sont donc allés se mettre à l'abri sur la piste de l'aéroport de Bangui, sous contrôle de l'armée française. "L'essentiel c'est notre vie, le luxe c'est après ", dit-il.Des risques de "vengeance"
Plus loin, un colonel Séléka a quitté son uniforme pour reprendre une tenue civile, mais il a été repéré par des habitants qui lui jettent des pierres et le traînent à terre. Il n'aura la vie sauve que grâce à l'intervention de militaires français qui le menottent et l'embarquent dans un véhicule blindé.
Car l'opération de désarmement devient un spectacle qu'aucun chrétien ne veut rater. Le soulagement est tel, de voir ceux qui les ont tant fait souffrir enfin tomber, que la vengeance devient incontrôlable, raconte un autre envoyé spécial de France Info sur place. Les jeunes d'un quartier ont par exemple profité lundi de la présence des troupes françaises pour débusquer un jeune milicien. Son corps est étendu au milieu de la route, il a été lapidé, et dans la foule de jeunes citoyens n'ont pas peur d'avouer leur crime.
"Leur enlever ce pouvoir ne sera pas chose facile" (La maire de Bangui)
"Pendant des mois, [les miliciens] ont eu des armes entre les mains, qui leur permettaient de commettre des exactions, mais aussi d'avoir des moyens financiers, des ressources. Leur enlever ce pouvoir ne sera pas chose facile, il y aura une certaine résistance qu'on le veuille ou pas ", indique la maire de Bangui, Catherine Samba Panza, actuellement en mission à Tourcoing.
Soutien logistique des Américains
Après le vote ad hoc de l'ONU jeudi, la France a déployé 1.600 militaires en République centrafricaine (opération baptisée Sangaris), en appui à la Misca (2.500 soldats).
Lundi soir, les Etats-Unis ont donné leur feu vert au transport par des avions militaires américains de troupes stationnées au Burundi vers la Centrafrique, pour venir en soutien logistique aux troupes françaises et africaines. Cette aide américaine devrait être similaire à celle fournie à la France pour son intervention au Mali, Washington avait alors fourni des moyens aériens et du partage de renseignements.
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