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Centrafrique : l'ONU donne son feu vert à une intervention armée

A l'unanimité, et alors que des violences meurtrières ont éclaté dans la capitale, le Conseil de sécurité des Nations-Unies a adopté la résolution française, qui autorise la force panafricaine et les troupes françaises à faire usage de la force pour protéger les civils. Le Premier ministre centrafricain a demandé le déploiement immédiat des troupes françaises dans le pays.
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Emmanuel Braun Reuters)

Le temps commençait à presser. D'autant que des exactions ont manifestement été commises cette nuit à Bangui, la capitale centrafricaine, et auraient, selon un dernier bilan établi par Reuters, fait au moins 105 morts. Le Conseil de sécurité de l'ONU a, à l'unanimité de ses 15 membres, voté la résolution 2127 qui autorise l'emploi de la force en Centrafrique.

1.200 soldats français doivent se déployer sur le territoire dans le cadre de l'opération Sangaris... quand le président de la République, chef des armées, l'aura décidé. Ce qui ne saurait tarder : François Hollande a convoqué un conseil restreint de défense à 18h. Autour de lui seront réunis le chef d'état major des armées Edouard Guillaud, et les ministres de la Défense Jean-Yves Le Drian, des Affaires étrangères Laurent Fabius, et de l'Intérieur Manuel Valls.

Plus précisément, la résolution de l'ONU autorise les troupes françaises à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca, la force africaine en Centrafrique, dans l'accomplissement de son mandat" . La Misca pourra se déployer pour 12 mois, avec une clause de révision au bout de six mois, avec pour mission de "protéger les civils, rétablir l'ordre et la sécurité, stabiliser le pays" . L'Union européenne a annoncé qu'elle soutiendrait l'intervention franco-africaine tandis que Londres a proposé une "aide loggistique limitée" : des "discussions sont en cours avec la France" ; a déclaré un porte-parole du ministère de la Défense britannique.

La résolution impose également un embargo d'un an sur les ventes d'armes destinées à la Centrafrique, et demande à l'ONU de préparer une possible mission de maintien de la paix dans le pays quand les conditions le permettront - 6.000 à 9.000 Casques bleus devraient alors être nécessaire, selon un rapport du secrétaire général de l'ONU.

Plusieurs dizaines de corps retrouvés dans une mosquée

C'est un pays livré au chaos que les militaires vont sécuriser. Dernières exactions en date, celles perpétrées la nuit dernière et toute la matinée par, semble-t-il, les antibalakas, fidèles au président déchu François Bozizé. Aucun bilan complet n'est encore disponible - tout juste des journalistes de l'AFP se sont-ils livrés à un macabre décompte : plus de 80 corps retrouvés dans une mosquée et les rues alentour, dans le centre-ville de Bangui.

L'agence Reuters parle, elle, d'au moins 105 morts. Le correspondant de l'agence a compté 53 cadavres dans une
mosquée située en banlieue de Bangui. Il a précisé que la
majorité des victimes semblent avoir été tuées à l'arme blanche
ou contondante.
Samuel Hanryon, un employé de l'ONG Médecins sans frontières
(MSF) à l'Hôpital communautaire de Bangui, a lui compté 52 corps
dans la morgue de l'établissement.

Le président de transition, Michel Djotodia, a annoncé l'extension immédiate du couvre-feu entre 18h et 6h - contre 22h auparavant. Il a appelé la population à garder son calme. Le Premier ministre centrafricain a lui demandé le déploiement immédiat des troupes françaises dans le pays.

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