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Ce que l'on sait du rapt des Français au Cameroun

Les circonstances de l'enlèvement commencent à se préciser au lendemain du rapt des sept Français dans le nord du Cameroun. D'après les autorités camerounaises, la famille et leurs ravisseurs se trouveraient désormais au Nigeria voisin. Les preneurs d'otage n'ont pas revendiqué l'enlèvement, mais Paris y voit la marque d'Ansaru, une faction de la secte islamiste Boko Haram. Une enquête préliminaire a été ouverte à Paris.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (IDÉ)

Les circonstances de l'enlèvement

Le rapt a eu lieu mardi matin à sept km de la ville de Dabanga. D'après des témoings, cinq ou six ravisseurs armés sur trois motos ont intercepté la famille sur la Nationale 1, une route qui longe le parc national de Waza avant de border la frontière avec le Nigeria vers le Nord, en direction du Tchad. Une zone qui n'était pas considérée comme particulièrement sensible.

"Cela faisait longtemps qu'on n'a pas entendu parler d'agression. Les gens circulent de jour comme de nuit. Il n'y a pas de problème de sécurité sur cette route-là, surtout depuis l'implantation de postes de police et de gendarmerie ", explique Michel, qui a guidé les otages français quelques heures avant leur enlèvement. 

Où sont les otages ?

La famille et les preneurs d'otages auraient quitté le Cameroun. "Les ravisseurs ont traversé la frontière du Nigeria ", selon le ministère camerounais des Affaires étrangères lu sur les ondes de la radio d'Etat, Cameroon Radio-Television. D'après une source sécuritaire camerounaise, "il n'y a qu'un marécage qui sépare Dabanga du Nigeria ". Mais les preneurs d'otages pourraient aussi décider de remonter un peu plus vers le Nord, en direction du Niger. Un territoire aux deux tiers désertique.

Qui sont les preneurs d'otages ?

En l'absence de revendication des preneurs d'otages deux pistes semblent se dégager

Boko Haram. D'après François Hollande, les Français ont été enlevés "par un groupe terroriste que nous connaissons et qui est au Nigeria. Je vois surtout l'implantation d'un groupe terroriste, Boko Haram en l'occurrence, dans cette partie-là du Cameroun ".

> voir notre article Qui sont les ravisseurs présumés ?

Plusieurs spécialistes pointent plus précisément une faction de la secte islamiste, Ansaru. Cette dernière a revendiqué lundi le rapt de sept employés étrangers d'une société de construction libanaise dans le nord du Nigeria en dénonçant "des transgressions et des atrocités commises envers la religion d'Allah (...) par les pays européens dans plusieurs endroits dont l'Afghanistan et le Mali ". 

Les coupeurs de route. Le nord du Cameroun est également connu pour ses coupeurs de route. Des malfaiteurs qui dépouillent régulièrement les touristes de passage dans la zone entre le Nigeria, le Cameroun et le Tchad. 

Qui sont les otages ?

Il s'agit d'une famille composée de trois adultes : quatre enfants (5 ans, 8 ans, 10 ans et 12 ans), leurs parent et leur oncle. Le père de famille était employé de GDF Suez à Yaoundé, la capitale camerounaise. Le groupe gazier a confirmé "l'enlèvement d'un de ses collaborateurs avec sa famille " qui "se trouvaient en vacances dans le Nord ". D'après Le Parisien, il s'agit de la famille Moulin-Fournier, installée à Yaoundé depuis deux ans.

Appel à la vigilance pour les expatriés

"Nous appelons à une grande vigilance de la part des entreprises, de la part de nos ressortissants, pour qu'ils ne prennent aucun risque inutile ", a lancé François Hollande. De son côté, le Quai d'Orsay a demandé aux "ressortissants français qui se trouveraient actuellement à l'extrême-nord du pays doivent impérativement se mettre en lieu sûr et quitter la zone au plus vite ".

La zone considérée comme dangereuse va des rives du Lac Tchad au sud de Maroua, et à la frontière avec le Nigeria. Le groupe GDF exclut, pour l'instant, de rapatrier ses personnels, considérant que la ville de "Yaoundé n'est pas située dans une zone considérée à risques ".

Le parquet de Paris a ouvert mardi soir une enquête préliminaire pour "enlèvement en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste", confiée à la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI).

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