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Québec : plan de protection minimal des espaces marins
Le projet du gouvernement québécois laisse les écologistes sur leur faim. Le plan de protection des espaces marins est très flou. Une seule région est annoncée, celle des îles de la Madeleine. Et pendant ce temps, la pression industrielle sur le fleuve Saint-Laurent s’accentue.
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Le Québec est sûrement la contrée du monde la plus identifiée à une nature sauvegardée. Pourtant, il est en retard en ce qui concerne la protection de ses rivages lacustres ou maritimes. Pour l’heure, le Québec ne protège que 1,3% de son espace maritime. Bien loin des 30% de l’Australie, championne en la matière ou de la France qui protège 16% de ses zones maritimes.
Paradoxe donc, d’autant que le Québec borde le fleuve du Saint-Laurent, son estuaire et son golfe. Actuellement, une seule zone maritime est protégée, le parc marin du Saguenay-Saint Laurent. Une zone de 2000 km², près de Tadoussac, réputée pour être un haut lieu de l’observation des baleines. La zone est une aire de protection pour de nombreuses espèces dont le rorqual bleu, le rorqual commun et le béluga. La protection de ce dernier étant à l’origine de la création du parc marin.
Créer sept parcs marins
Le projet du gouvernement québécois est de protéger 10% de l’ensemble estuaire-golfe du Saint-Laurent d’ici 2020. Cela équivaut à créer sept parcs marins, un effort conséquent qui ne ferait pourtant que respecter les engagements internationaux sur la biodiversité signés à Nagoya en 2010.
La zone la plus importante concerne 16.500 km² autour des îles de la Madeleine, à la limite des eaux du golfe. Une autre zone de 6000 km² dans l’estuaire est à l’étude depuis…1998 !
Les écologistes et l’opposition critiquent ce plan a minima. D’autant que les projets industriels, eux, ne manquent pas. Certains rêvent ainsi d’exploiter les réserves pétrolières de la zone Old Harry, à mi-chemin entre Terre-Neuve et… les îles de la Madeleine. Si aucun forage n’a encore été effectué, des évaluations donnent des milliards de barils de pétrole et des tonnes de gaz de réserve.
David Suzuki, un écologiste cité par Le Devoir, met en garde le gouvernement québécois: «Le Québec ne devrait pas aller de l’avant. Le golfe du Saint-Laurent devrait être considéré comme un sanctuaire. C’est un élément culturel et historique central dans l’histoire du Québec. Plusieurs personnes dépendent des pêcheries et du tourisme liés au Saint-Laurent.»
Projets pétroliers
Il faut ajouter à cela un projet de port pétrolier dans le bas Saint-Laurent. Un véritable serpent de mer qui revient régulièrement à la surface. Le projet semblerait abandonné, ce que la compagnie intéressée n’a pas confirmé. Dans sa version actuelle, le projet Energie Est prévoit la construction de deux ports pétroliers, l'un à Cacouna et l'autre au Nouveau-Brunswick. 175 pétroliers utiliseraient chaque année les installations portuaires sur le fleuve Saint-Laurent.
Autant dire qu’avec tous ces projets, le plan de protection fait bien pâle figure.
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