Burundi : deux morts à l'ouverture d'un scrutin présidentiel sous tension
Deux personnes ont été tuées dans la nuit de lundi à mardi à Bujumbura où explosions et tirs ont résonné toute la nuit. 3,8 millions de Burundais sont appelés aux urnes ce mardi pour la présidentielle.
Un scrutin dénoncé par l'opposition, la société civile et la communauté internationale, après la volonté du président Pierre Nkurunziza de se présenter pour un troisième mandat. Une candidature jugée contraire à la Constitution et qui a plongé le pays dans sa pire crise politique depuis dix ans.
"Ces élections remettent en question l’accord d'Arusha qui a été fondamental. Il y a un troisième mandat qui constitutionnellement a été reconnu par la cour constitutionnelle mais on sait très bien qu’elle était aux ordres du président, " explique Philippe Hugon, directeur de recherche à l’IRIS en charge de l’Afrique.
"Il aurait fallu que ces élections n’aient pas lieu. Il n’y pas de suspens quant au résultat. Pierre Nkurunziza sera élu président avec une grande majorité, d’autant plus qu’il n’y a presque pas d’opposants crédibles. "
Augmentation des violences
Après près d'un mois et demi de manifestations étouffées par une brutale répression et l'échec d'un coup d'Etat militaire mi-mai, les violences se sont intensifiées ces dernières semaines.
Rien ne sera réglé pour le Burundi, puisque l’on sait très bien que Godefroid Niyombare à l’origine du coup d’Etat de mai est encore présent et peut agiter un certain nombre de rébellions. Le Rwanda est présent et peu soutenir un certain nombre de groupes.
Vers une nouvelle guerre civile ?
Doucement mais sûrement, le pays se dirige vers une nouvelle guerre civile. D'un côté, les généraux mutins ont annoncé leur volonté de chasser Pierre Nkurunziza coûte que coûte "par la force ". De l'autre côté, sur le terrain, armée et rebelles s'affrontent depuis 10 jours dans le nord du pays. Conséquence : plus de 150.000 Burundais ont déjà fui le pays ces deux derniers mois.
"Ceux qui sont à l’extérieur, qui ont été obligés de quitter le pays et ceux qui ont été obligés d’arrêter leurs manifestations, risquent de s’engager dans des actions armées et que les puissances voisines soient présentes, " prévient Philippe Hugon, directeur de recherche à l’IRIS en charge de l’Afrique. "Il faut éviter que le conflit interne du Burundi ait une contagion régionale. "
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