Burkina Faso : c'est un "putsch vintage" pour le grand reporter Vincent Hugeux
1.300 militaires armés ont pris le pouvoir à Ouagadougou, dans la journée de jeudi. Conduits par le général Gilbert Diendéré, ils ont pris en otage le président de transition et son Premier ministre, imposer leur destitution, mis en place un couvre-feu et surtout tiennent sous le feu des armes la capitale. A peine un an après la chute du président Blaise Compaoré, après 27 années de pouvoir sans partage, ce coup d'Etat rencontre une certaine opposition.
Le putsch au Burkina Faso ? Un putsch vintage, explique @vhugeux, sur @franceinfo http://t.co/DU7ltpkEwY
— France Info (@franceinfo) September 18, 2015
Pour Vingent Hugeux, grand reporter à L'Express , c'est donc "un putsch vintage" loin des désirs de la population. "Ce putsch est pour moi un anachronisme politique absolument invraisemblable, explique-t-il. C'est-à-dire qu'on retrouve le rituel, qui existait déjà il y a 20 ou 30 ans, de l'inconnu en kaki qui vient vous expliquer à la télévision raide comme la justice".
D'autant que pour le grand reporter certains citoyens "n'ont pas envie que leur révolution soit confisquée, que l'insurrection civique d'octobre 2014 conduise à un putsch vintage avec un type en treillis qui débarque et annonce la destitution d'un président de transition".
Gilbert Diendéré, tellement proche de l'ancien dictateur Blaise Compaoré
Pour le grand reporter, ce coup d'état veut aussi remettre en selle le pari de l'ancien président Compaoré, le Congrès pour la Démocratie et les Progrès. "L'épouse de Diendéré est l'une des vice-présidents de ce parti et elle fait partie des candidats invalidés pour les élections législatives du 11 octobre prochain" , souligne-t-il.
"D'une manière ou d'une autre, cette aventure n'ira pas très loin" Vincent Hugeux
Ce sont les hommes du Régiment de sécurité présidentiel (RSP), sous les ordres de Gilbert Diendéré, qui ont pris en otage le président de transition et son gouvernement. En tout cette unité d'élite est composée de 1.300 personnes, choyées par le régime pendant les 27 ans de l'ère Compaoré. "Cela dit, ils ont quand même quelques faiblesses, explique Vincent Hugeux. Ils tiennent la capitale, Ouagadougou. Ils en ont les moyens et d'ailleurs ils ont réprimé à balles réelles les premières manifestations spontanées, faisant trois morts au moins. Mais ils n'ont pas les moyens de tenir comme ça toutes les villes du pays".
Le président sénégalais à Ouagadougou ce vendredi
Macky Sall, le chef d'Etat sénégalais et président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) est attendu ce vendredi au Burkina Faso. En octobre 2014, il avait déjà été l'émissaire de la Cédéao durant la crise qu'a traversé le pays après le renversement de Blaise Compaoré. "Et déjà un émissaire de l'ONU a été discuter avec Diendéré pour le sommer de libérer le président de transition et son premier ministre", souligne Vincent Hugeux.
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