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Burhanuddin Rabbani, 71 ans, chargé par le gouvernement de négocier la paix avec les talibans, est mort mardi à Kaboul

Il a été tué par un faux émissaire taliban, un kamikaze qui avait dissimulé une bombe dans son turban, a indiqué a police afghane.Le président des Etats-Unis Barack Obama a qualifié mardi de "perte tragique" la mort de l'ancien président afghan Burhanuddin Rabbani, lors d'une rencontre avec son homologue Hamid Karzaï à New York.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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L'ancien président afghan Burhanuddin Rabbani (archive) (AFP - MAHMUD TURKIA)

Il a été tué par un faux émissaire taliban, un kamikaze qui avait dissimulé une bombe dans son turban, a indiqué a police afghane.

Le président des Etats-Unis Barack Obama a qualifié mardi de "perte tragique" la mort de l'ancien président afghan Burhanuddin Rabbani, lors d'une rencontre avec son homologue Hamid Karzaï à New York.

"Nous pensons tous deux que malgré cet événement, nous ne serons pas dissuadés de créer un cheminement qui permettra aux Afghans de vivre en liberté, en sécurité et dans la prospérité", a ajouté M. Obama en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, présentant ses "condoléances" à son homologue afghan.

Burhanuddin Rabbani était "un patriote afghan qui s'est sacrifié", a de son côté assuré Hamid Karzaï.

L'attentat suicide a eu lieu dans la rue où réside Burhanuddin Rabbani, située dans le centre de la capitale de l'Afghanistan, près de l'ambassade des Etats-Unis. Des kamikazes talibans avaient déjà mené mercredi dernier, dans ce quartier cossu très surveillé qui abrite de nombreuses ambassades, une série d'attaques meurtrières.

Ces attaques visaient particulièrement le quartier général de l'OTAN et l'ambassade américaine, faisant au moins 15 morts. Certains habitants de Kaboul craignent que ces attaques ne traduisent une nouvelle orientation stratégique des talibans après les attentats suicides de juin et d'août à l'hôtel Intercontinental et au centre culturel britannique. Les deux actes ont également été imputés au réseau Haqqani, mouvement allié à la milice islamiste établi le long de la frontière pakistano-afghane.

Réactions
Le Pakistan a rapidement condamné l'assassinat à Kaboul de l'ancien président afghan, le qualifiant d'"ami" avec qui Islamabad collaborait "étroitement" dans ses efforts de paix.

Bio express
Burhanuddin Rabbani était une figure de la résistance anti-soviétique revenu sur le devant de la scène il y a un an à la tête d'une entité chargée de négocier la paix avec les insurgés.

Il avait été le dernier chef de l'Etat reconnu par l'ONU avant la prise du pouvoir par les talibans à Kaboul en 1996.

Le 22 décembre 2001, après le bombardement puis l'invasion de l'Afghanistan par une force militaire emmenée par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre, il avait été contraint d'abandonner la présidence et de remettre le pouvoir au chef de l'Etat désigné par la coalition internationale, le Pachtoune Hamid Karzaï, toujours en place.

Elu en 1992 à la chute du régime pro-soviétique trois ans après le retrait de l'Armée rouge, Burhanuddin Rabbani n'a en fait jamais vraiment détenu de pouvoir. Son appartenance à l'ethnie tadjike, dans un pays dominé par les Pachtounes, en était l'une des raisons. Mais dans ce pays à tradition guerrière, il avait également été éclipsé par les chefs de guerre, au premier rang desquels son ancien ministre de la Défense, le Tadjik Ahmed Shah Massoud, le "Lion du Panchir", farouche résistant anti-soviétique puis anti-talibans, assassiné deux jours avant les attentats du 11 Septembre.

Le 10 octobre 2010, il avait été proposé par Hamid Karzaï et élu président du nouveau Haut conseil pour la paix, chargé d'établir des contacts avec les insurgés, notamment talibans, et de trouver des solutions pour mettre fin à la guerre.

Né en 1940 à Faizabad, dans la province du Badakhshan (nord-est), Rabbani avait quitté les flancs des montagnes himalayennes de l'Hindou Kouch pour une carrière académique.
Après avoir étudié à Kaboul puis à la prestigieuse université Al Azhar du Caire, il avait pris la direction d'un mouvement universitaire modérément islamiste et anti-communiste dans les années 60 et 70. En 1971, il prend les rênes du Jamiat-i-Islami (Société islamique) mais les communistes le contraignent à l'exil au Pakistan.

Après l'invasion soviétique en 1979, son parti joue un rôle central dans le jihad (guerre sainte) contre l'Armée rouge. Mais Burhanuddin Rabbani est vite dépassé par ses deux chefs de guerre Ahmed Shah Massoud dans la vallée du Panchir au nord de Kaboul, et Ismaïl Khan, basé aux environs de Herat (ouest).

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