Quatre questions sur les incendies qui ravagent l'Amazonie
La déforestation de plus en plus intensive est la principale cause des feux qui dévastent la forêt amazonienne depuis plusieurs semaines.
L'été aura été ravageur pour la forêt amazonienne. En proie aux flammes depuis plusieurs semaines, l'Amazonie, dont 60% de la surface se trouve au Brésil, est au cœur de l'attention. Le hashtag #PrayforAmazonia est d'ailleurs devenu viral sur les réseaux sociaux, mercredi 21 août. Franceinfo répond aux questions qui se posent sur ce gigantesque incendie.
1Quelle superficie a été brûlée ?
Il n'est pas possible, à l'heure actuelle, d'évaluer la superficie touchée par les feux de forêt en Amazonie. Le ministre de l'Environnement brésilien, Ricardo Salles, a assuré que "le gouvernement [avait] mobilisé tous les effectifs des secouristes et tous les avions" de lutte contre les incendies, "qui sont désormais à pied d'œuvre avec les gouvernements régionaux".
Selon l'Institut national de recherche spatiale brésilien (INPE), les feux de forêt ont augmenté de 84% depuis le début de cette année au Brésil par rapport à la même période de 2018. L'institut ne précise toutefois pas quelle superficie cela représente. Il souligne que la hausse a été particulièrement significative dans les Etats occupés en totalité ou partiellement par la forêt amazonienne, comme celui du Mato Grosso, avec 13 682 départs de feu, soit une hausse de 87% par rapport à toute l'année 2018.
From the other side of Earth, here’s the latest on the Amazonia fires
— WMO | OMM (@WMO) August 20, 2019
Produced by @CopernicusEU’s atmosphere monitoring service, it shows the smoke reaching the Atlantic coast and São Paulo
DATA HERE▶️https://t.co/Q6qzFdPfIT pic.twitter.com/aJKU2YwRpJ
2Quelles en sont les causes ?
Mercredi 21 août, le ministre de l’Environnement a affirmé dans un tweet que "la sécheresse, un temps sec et la chaleur ont provoqué une augmentation des incendies dans tout le pays". Le lendemain, il a ajouté que les friches urbaines où les ordures sont incendiées, comme à Cuiabá, capitale de l'Etat amazonien du Mato Grosso, "perturbent grandement les villes".
Com o Gov @MauroMendes40, em vistoria sobre as queimadas no MT, com equipes de apoio e recursos. O tempo seco e quente contribui, mas casos como esse, de terrenos baldios urbanos em Cuiabá onde se coloca fogo no lixo atrapalham muito as cidades. pic.twitter.com/dacQN1DSHn
— Ricardo Salles MMA (@rsallesmma) August 22, 2019
Mais la sécheresse n'est pas la cause principale de la hausse dramatique des feux de forêt, explique à l'AFP Paulo Moutinho, chercheur à l'Institut de recherche environnementale sur l'Amazonie. "La déforestation explique la majorité des incendies, assure-t-il. En 2019, la sécheresse n'est pas aussi sévère que lors des années précédentes, or il y a une hausse substantielle des incendies. Tout indique donc que la saison sèche n'est pas du tout le facteur prédominant."
Les feux en Amazonie sont notamment provoqués par les défrichements par brûlis utilisés pour transformer des aires forestières en zones de culture et d'élevage ou pour nettoyer des zones déjà déboisées, généralement pendant la saison sèche qui s'achève dans deux mois. Selon le système Deter (détection en temps réel de la déforestation) utilisé par l'INPE, la déforestation de la forêt amazonienne en juillet 2019 a été quasiment quatre fois plus importante qu'en juillet 2018. "Ce à quoi nous assistons est la conséquence de l'augmentation de la déforestation révélée par les chiffres récents", analyse Ricardo Mello, chef du programme Amazonie au WWF Brésil.
3Pourquoi cela provoque-t-il une polémique politique ?
Après la publication par l'INPE des chiffres sur la déforestation, le président d'extrême droite brésilien, Jair Bolsonaro, féroce critique des politiques de protection de l'environnement, a limogé, début août, Ricardo Galvao, le président de l'institut, l'accusant de mentir et de nuire à l'image du Brésil. L'incendie géant qui ravage l'Amazonie – associé à cet épisode polémique – a créé une nouvelle occasion pour Jair Bolsonaro d'être la cible d'une avalanche de critiques. Scientifiques, ONG de préservation de l'Amazonie et populations indigènes l'ont notamment blâmé pour son soutien au développement de l'agriculture et de l'exploitation minière dans des zones protégées.
En réponse, le chef d'Etat a préféré s'en prendre aux ONG, insinuant qu'elles pourraient avoir provoqué les incendies afin d'"attirer l'attention" sur la suspension par Brasilia des subventions à la préservation de l'Amazonie. Ces commentaires controversés interviennent alors que le Brésil organise et accueille, jusqu’au vendredi 23 août, un sommet sur le climat en Amérique latine à Salvador de Bahia, dans le nord du pays.
4Quelles sont les réactions dans le monde ?
Les images impressionnantes des incendies ont provoqué, sur les réseaux sociaux, de multiples réactions révoltées. Le mot-dièse #PrayforAmazonia ("prions pour l'Amazonie") a d'ailleurs été la première tendance mondiale sur Twitter mercredi. De nombreux internautes s'indignaient en postant des photos et vidéos montrant des pans entiers de forêt dévorés par des rideaux de flammes. Mais certaines de ces images n'avaient en réalité aucun rapport avec la situation actuelle, montrant par exemple des feux en Amazonie remontant à 1989 ou des incendies ayant eu lieu dans d'autres pays comme l'Inde ou les Etats-Unis, détaille l'AFP sur Twitter.
Des dizaines de milliers d'internautes ont alerté hier sur les incendies en Amazonie, utilisant le mot-dièse #PrayForAmazonas. Mais de nombreuses publications virales s'appuient sur des images anciennes ou prises dans d'autres lieux
— AFP Factuel (@AfpFactuel) August 22, 2019
➡️https://t.co/spXpfziulf #AFP
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Les déclarations de Jair Bolsonaro sur le sujet ont elles aussi provoqué une levée de boucliers. Les deux contributeurs principaux du Fonds Amazonie, la Norvège et l'Allemagne, ont récemment suspendu leurs subventions à ce fonds qui permet de financer la préservation de la forêt, en raison des positions du président brésilien. Lundi, les gouverneurs des Etats amazoniens ont critiqué les initiatives du gouvernement qui ont conduit à cette suspension et proposé de "dialoguer directement" avec les pays finançant le Fonds Amazonie.
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