Petrobras, un géant économique à l'image d'un Brésil en crise
Le géant pétrolier public Petrobras est à l'image du pays: mal en point. Entre scandale et récession, l'entreprise spécialisée dans l'énergie (exploitation pétrolière notamment) et la chimie symbolise les difficultés d'un pays touché par la crise et la chute du cours des matières premières. Retour sur l'histoire d'une entreprise qui a collé au développement du pays.
Petrobras (Petroleo Brasileiro) est une entreprise brésilienne d’exploitation et de distribution pétrolière, créée en 1953 par l’Etat brésilien, sous la présidence de Getulio Vargas. Le président d'alors voyait dans cette création «une étape majeure pour notre indépendance économique».
Et il n'a pas eu tort, car l'entreprise n'a pas cessé de croître au fil des années. En 1961, elle entreprend ses premiers forages et construit sa première raffinerie. En 1967, Petrobras se développe dans la pétrochimie. En 1968, la compagnie se lance dans l’exploitation offshore. Dans les années 70, Petrobras prend le virage de la production offshore qui se poursuivra à grande profondeur dans les années 80.
Un géant touché par les scandales
Petrobras est un géant de quelque 78.000 salariés présent dans 19 pays. En 2010, l’entreprise produit environ 2,7 millions de barrils/jour et possède 122 plateformes de forage. Elle pèse alors une centaine de milliards de chiffre d'affaires. Pour preuve de sa bonne santé et de l’optimisme qu’il soulève, le groupe, coté en bourse, lève à Wall Street 70 miliards de dollards pour une augmentation de capital. Cela le place dans le top ten des entreprises mondiales.
Mais les nuages planent sur l'entreprise. En 2008, une plainte est déposée dans une petite affaire financière. En 2014, la police met à jour une vaste affaire de transferts de fonds, à partir d'une station de lavage de voitures... d'où le nom de l'affaire qui éclabousse le Brésil, «lava-jato» (synonyme de Kärcher).
Pertes et dette record
Directement touché par les scandales, Petrobras est en difficulté. «Le groupe réalise qu’il sera nécessaire de procéder à des ajustements de ses comptes pour introduire des modifications de la valeur de ses actifs fixes affectés par les contrats frauduleux passés», reconnaissait dès 2014 Petrobras dans un communiqué. Et comme les difficultés arrivent toutes en même temps, l'entreprise doit aussi faire face à la chute des cours du pétrole. «Sa production a chuté sous les deux millions de barils de pétrole par jour. Pénalisée comme les autres compagnies pétrolières par la chute des cours du brut, elle a accumulé des pertes d'environ 10 milliards de dollars en un peu plus d'un an, dont 360 millions au premier trimestre 2016», note Les Echos.
Le groupe étant coté aux Etats-Unis, il pourrait faire face à des plaintes d'actionnaires américains lésés par la chute de son cours, due en partie aux scandales (sa valeur boursière a reculé de 27 milliards de dollars avant de remonter). Résultat: l'entreprise doit faire des provisions... dans un contexte difficile puisque, selon Les Echos, Petrobras est déjà endetté à hauteur de 125 milliards de dollars (chiffre à rapprocher de la dette grecque de 311 milliards d'euros). En 2014, le groupe estime le coût du scandale à deux milliards de doillars.
Ses pertes ont été particulièrement fortes au quatrième trimestre 2015, à 36,9 milliards de réais (10,2 milliards de dollars), presque dix fois plus qu'il y a un an. Dans un communiqué, Petrobras explique avoir souffert notamment de dépréciations d'actifs, liées à la chute des cours du pétrole, et de la perte de valeur du réal (la monnaie brésilienne). Sur l'ensemble de l'année, il a réduit ses investissements de 12%, à 76,3 milliards de réais (21,1 milliards de dollars).
Des résultats à rapporter à l'état de l'économie brésilienne dans son ensemble. La croissance est en chute de 3,8% alors que le pays connait 10% d’inflation tandis que le chomage chômage qui atteignait 6,8 % en janvier 2015 passait à 9,5 % en janvier 2016.
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