Elections municipales au Brésil: meurtres et conflits d’intérêts
Alors que le Brésil s'apprête à voter le 2 octobre, la campagne pour les municipales est entachée par des meurtres.
Dernièrement, Marcos Vieira de Souza, un policier de 52 ans et candidat du Parti progressiste à Madureira au nord de Rio, s’est fait abattre par deux hommes encagoulés, à seulement une semaine du vote. Son cas n’est pas isolé: au cours des dix derniers mois, 15 personnes liées à la campagne électorale ont été abattues, principalement dans la banlieue nord de Rio.
«On assiste à une série de meurtres et tout indique qu’il y a un lien entre les conflits d’intérêts politiques et les milices», a déclaré à l’AFP Michel Misse, expert à l’université fédérale de Rio.
Qui dirige ces milices ? «Nous en savons très peu sur ces relations souterraines. Nous n’avons pas de politique sérieuse d’investigation dans la sécurité publique», explique de son côté Alba Zaluar, de l'université de l'État de Rio.
Dans certains quartiers pauvres qui souffrent d’insécurité, comme celui de la Baixada Fluminense, les habitants font appel à des milices paramilitaires pour les protéger et chasser les trafiquants de drogue. En échange de leur protection, les groupes font payer une taxe à la population. Le quotidien brésilien O Globo a même révélé que ces milices exigeaient des candidats jusqu’à 120 000 réais, soit 33 000 euros, pour coller des affiches politiques dans la ville.
Le rôle de ces groupes armés dans les municipales ne s’arrête pas là. En soutenant certains candidats, les milices peuvent influencer les politiques publiques et asseoir leur autorité. «Ils ont besoin d’appuis politiques pour se protéger et étendre leur territoire», confirme Alba Zaluar.
Brazen political killings overshadow Brazilian elections: Rio de Janeiro - The gunning down in broad daylight... https://t.co/X4kt0GjSvD
— Brazil News Links (@dlBrazilnews) September 30, 2016
Le commissaire Giniton Lages, qui mène l’enquête sur 13 des 15 assassinats, explique que les groupes criminels sont imbriqués dans les affaires publiques. «Il soutiennent désormais le pouvoir. Ce qui nous inquiète, c’est la consolidation de cette domination. Pour cela, ils ont besoin de s’imposer en tuant.»
Dans le journal Globo Chico Regueira, un journaliste dénonce: «Nos institutions ne voient pas ou ne veulent pas voir la professionnalisation du crime organisé, et l'exportation du modèle de Rio aux autres Etats brésiliens. Nous réveillerons-nous à temps pour combattre ce phénomène ou est-il déjà trop tard?»
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