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Brésil : faute d’emplois, les immigrés veulent partir

Alors que l’économie du Brésil n’est pas dans une situation des plus brillantes, le pays voit s’en aller les immigrés. Faute de travail, ces derniers repartent chez eux ou cherchent un nouveau pays d’accueil.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un Haïtien attend un abri à Sao Paulo, le 15 janvier 2012. La mégapole brésilienne façonnée par des vagues successives d'immigration a ouvert ses portes aux Haïtiens après le séisme de janvier 2010 à Port-au-Prince. (AFP PHOTO / Yasuyoshi CHIBA)

Début 2014, le Brésil a eu beau prendre des mesures dans le cadre de sa loi sur l’immigration pour recevoir de la main d’œuvre qualifiée (lien en portugais), le pays – passé l’embellie économique du début des années 2010 – s’est retrouvé avec une forte immigration non-qualifiée, souvent illégale.
 
Au premier rang de celle-ci de nombreux Haïtiens qui ont fui l’île des Caraïbes dévastée par le séisme de janvier 2010, et ont trouvé refuge au Brésil. «Enfin arrivés, les jeunes migrants – pour la plupart âgés 20 et 40 ans – déchantent vite» en raison de salaires faibles et d’un coût de la vie élevé, écrivait déjà Thomas Diego Badia dans Le Monde en mai 2014.

Les mauvais chiffres s'accumulent
Depuis, les choses ne se sont guère arrangées. La septième économie du monde «cumule les mauvaises nouvelles. L’économie s’est contractée de 2,5% depuis le début 2015. 7,5% de la population active est au chômage (4,9%, un an plus tôt). L’inflation dépasse les 9% et le réal, la monnaie brésilienne, a perdu 30% de sa valeur cette année face au dollar», selon Géopolis.
 
Avec la crise, une partie des immigrés cherchent à rentrer dans leur pays d’origine ou à se trouver d’autres points de chute, notamment le Canada ou les Etats-Unis. En 2012, la majorité des étrangers vivant au Brésil venait d'Haïti, de Bolivie, d'Espagne, de France et des Etats-Unis. Une population africaine – Nigérians, Sénégalais, Ghanéens – est également venue y chercher un nouvel avenir. Le Point précise qu’«entre 2000 et 2012, les demandes de régularisation d'Africains ont été multipliées par trente».

La construction ne fait plus recette
Le site de Folha de S.Paulo, qui reprend les données de la Mission de la Paix de la capitale brésilienne, une organisation d’aide aux étrangers, montre qu’en septembre 2015, seuls 1.239 étrangers ont été embauchés, soit 68% de moins qu'à la même période de 2014.

Et le site d’ajouter : «La plupart des personnes interrogées, en particulier les Haïtiens et les Africains, étaient à la recherche de travail dans la construction, un secteur qui a perdu 385.000 emplois formels dans la dernière année. Cela représente plus d'un tiers de tous les emplois perdus dans le pays pendant la même période.»

Des salaires très bas
Les départs ne sont pas uniquement le fait de personnes sans travail. C’est aussi le cas d’étrangers dont le salaire est si bas qu’ils peinent à s’en sortir. «Ouvriers, maçons, serveurs, cuisiniers ou manutentionnaires, ils gagnent entre 400 et 1000 réais (163 et 325 euros) et souvent moins que le salaire minimum régional établi à 950 réais (310 euros). Pour survivre, la plupart enchaînent plusieurs boulots», spécifiait en 2014 Thomas Diego Badia, qui reprenait l’exemple des Haïtiens installés à Curitiba, au sud du Brésil.
 
Autre facteur incitatif au départ, la tension entre les Brésiliens et les étrangers à mesure qu’ils briguent les mêmes postes vacants. Cela touche également les étrangers qualifiés. Avec un taux de chômage en hausse, les employeurs préfèrent embaucher des Brésiliens.

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