Brésil : ce que l'on sait de la rupture d'un barrage minier qui a fait au moins 58 morts et 305 disparus
Un barrage du complexe de Córrego do Feijão, dans le sud-est du Brésil, s'est rompu vendredi, déversant une grande quantité d'eau boueuse et de déchets issus d'une mine de minerai de fer. Au moins 58 personnes ont péri dans l'accident.
Nouveau drame humain et environnemental au Brésil, trois ans après la rupture du barrage minier de Fundao qui avait fait 19 morts. Un barrage du complexe minier de Córrego do Feijão s'est rompu, vendredi 25 janvier à Brumadinho, dans le sud-est du Brésil, faisant au moins 58 morts et déversant une véritable marée de boue dans les environs, selon un porte-parole des pompiers.
"La tragédie environnementale devrait être moindre que celle de 2015, mais la tragédie humaine bien plus importante", a prévenu Fabio Schvartsman, le PDG de Vale, gérant de ce barrage et copropriétaire de celui qui avait rompu il y a trois ans. Voici ce que l'on sait de cet accident.
Une immense vague de boue
La rupture de l'un des trois barrages miniers du complexe de Córrego do Feijão a eu lieu en début d'après-midi vendredi à Brumadinho. Cette commune de quelque 39 000 habitants est située à 60 km au sud-ouest de Belo Horizonte, la capitale de l'Etat du Minas Gerais. Le barrage est une digue contenant des résidus d'une mine de minerai de fer de couleur rouge, explique le Guardian (article en anglais). Selon la société, ce barrage de 86 mètres de haut a été construit en 1976, et contenait 11,7 millions de litres d'eau contenant des déchets miniers.
Après la rupture de la digue, une impressionnante marée de boue marron aux reflets grisâtres a recouvert d'immenses surfaces de végétation. De nombreuses personnes ont été surprises et bon nombre de maisons ont été détruites par la coulée d'eau boueuse, selon un photographe de l'AFP qui a survolé la zone. La marée a enseveli une partie du village de Vila Forteco, près de la ville de Brumadinho.
Selon Fabio Schvartsman, une cantine du complexe minier a été engloutie par la boue, vendredi à l'heure du déjeuner.
Au moins 58 morts et 305 disparus
Depuis vendredi, le bilan humain de la catastrophe ne cesse de grimper. Le dernier en date fait état de 58 morts, mais il pourrait continuer à évoluer dans les prochaines heures. Un premier bilan avait évoqué neuf morts et "environ 300 disparus".
"La plupart des personnes touchées sont nos employés", a affirmé Fabio Schvartsman lors d'une conférence de presse. Son groupe, Vale, a précisé qu'une centaine de ses salariés étaient portés disparus, en particulier dans les bâtiments administratifs du complexe minier. Selon les autorités locales, 270 personnes présentes sur le site ont néanmoins été retrouvées en vie.
Des chances désormais "minimes" de retrouver des survivants
D'après le gouvernement du Minas Gerais, quelque 100 pompiers ont été mobilisés et plusieurs dizaines d'hélicoptères ont été utilisés pour les secours. Plusieurs habitants enlisés dans la boue ont été évacués. Selon le Guardian, au moins 100 personnes prises au piège par la marée de boue ont pu être secourues.
Rescuers pulled people out of the mud after a dam holding back mining waste collapsed in Brumadinho, Brazil. As many as 200 people are still missing, AP reports pic.twitter.com/bq2UTiGUxI
— TicToc by Bloomberg (@tictoc) January 26, 2019
L'espoir de retrouver des survivants deviens néanmoins de plus en plus mince au fil des heures. "La police, les pompiers et les militaires ont tout fait pour tenter de secourir d'éventuels survivants, mais nous savons qu'à partir de maintenant, les chances sont minimes et nous ne trouverons probablement que des corps", a annoncé Romeu Zema, le gouverneur de l'État de Minas Gerais.
Le groupe Vale déjà impliqué dans la tragédie de 2015
Le géant minier était aussi le copropriétaire, avec le groupe anglo-australien BHP, du barrage de Samarco, dont la rupture avait fait 19 morts et provoqué un drame écologique inédit près de Mariana, à quelque 150 km de Belo Horizonte.
En novembre 2015, des centaines de kilomètres carrés avaient été submergés par un tsunami de boue. Cette coulée avait traversé deux États brésiliens et s'était répandu sur 650 kilomètres jusqu'à l'océan Atlantique, à travers le lit du fleuve Rio Doce, l'un des plus importants du Brésil.
"C'est incroyable que, trois ans et deux mois après Mariana, un autre accident avec les mêmes caractéristiques ait lieu dans la même région", a dénoncé l'ONG Greenpeace dans un communiqué.
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