Boeing disparu : une montagne d'incertitudes
Les familles des 239 passagers - dont quatre Français - du vol MH370 de la Malaysia Airlines, destination Pékin, ont du mal à garder espoir. Chaque heure qui passe éloigne un peu plus la perspective de retrouver un survivant, ou ne serait-ce même qu'un débris de l'avion qui a disparu samedi matin au large de la côte sud du Vietnam. Les recherches n'ont pour l'instant rien donné, et aucune piste ne peut être privilégiée, tant le mystère est épais.
Un demi-tour qui interroge
Difficile de tracer exactement le parcours du Boeing 777 depuis son décollage de Kuala Lumpur en Malaisie, aux premières heures samedi dernier. C'est ce que tentent pourtant de faire des milliers de curieux, grâce notamment au site Flightradar24, qui propose un suivi en temps réel du parcours de tous les vols mondiaux. Selon l'armée malaisienne, et alors que d'autres sources évoquaient une désintégration à près de 11.000 mètres d'altitude, l'appareil a continué à voler pendant plus d'une heure après sa disparition des écrans radars. Il aurait même changé de direction, se dirigeant vers le détroit de Malacca, au sud-ouest par rapport à sa position initiale. Pourquoi a-t-il subitement disparu des écrans ? Pourquoi aurait-il fait demi-tour ? Et pourquoi aurait-il éteint son transpondeur ? Autant de questions sans réponses, et qui poussent les militaires à éplucher méthodiquement la liste des passagers du vol.
L'affaire des passeports volés
Dans les heures qui ont suivi la disparition de l'avion, une information de taille a été livrée aux nombreux médias s'intéressant à l'affaire : deux passagers avaient embarqué en utilisant des passeports volés. Depuis, les deux hommes, assis l'un à côté de l'autre dans l'avion, ont été identifiés ; il s'agit de deux Iraniens, âgés de 18 et 29 ans. Selon l'organisation policère internationale Interpol, ils seraient arrivés en Malaisie depuis le Qatar. Les deux passeports volés, ceux d'un Autrichien et d'un Italien, l'auraient été dans le sud de la Thaïlande. Une zone très touristique où le vol de passeports est très fréquent. Un passeur iranien aurait ensuite organisé la transaction avec ses deux compatriotes, utilisant les services d'une compagnie de voyages pour réserver les billets d'avion. Les deux passeports avaient été signalés comme volés en 2012 et 2013.
La piste terroriste : du plomb dans l'aile ?
Les enquêteurs ne souhaitent écarter aucune piste, mais le profil des deux passagers "fantômes" ne cadre pas avec une action terroriste. Ce sont les dirigeants d'Interpol eux-mêmes qui le disent, et notamment le directeur exécutif de l'organisation Jean-Michel Louboutin, qui a organisé ce mardi une conférence de presse à Lyon. Pour lui, "si nous arrivons à démontrer que c'est juste un problème de migration illégale, c'est complètement différent, la thèse terroriste disparaît ".
Au contraire, le directeur de la CIA, John Brennan, a refusé mardi d'écarter la piste terroriste, précisant qu'"aucune revendication n'avait été confirmée ou corroborée " pour l'instant.
Les thèses les plus folles
Inévitablement, cette incertitude totale, ce flou, donne lieu à des dizaines d'interprétations plus ou moins cohérentes. Plutôt moins, d'ailleurs. Selon plusieurs médias, les portables de certains passagers sonneraient encore à l'heure actuelle, dans le vide... Dans les médias chinois et sur Internet, beaucoup laissent libre cours à leur imagination. Les plus "logiques" parlent d'une action des militants ouïghours, mais d'autres parlent d'une manipulation des marchés boursiers, ou d'une action de rétorsion menée par un Etat de la région. Sans oublier ceux qui parlent d'une météorite ayant frappé l'appareil en plein ciel, ou les conspirationnistes qui émergent à chaque événement de ce genre. Le plus loufoque reste quand même ce chaman cité par le New Straits Times , affirmant que l'avion a été détourné par des "elfes ".
Pendant ce temps, les recherches se poursuivent entre Malaisie, Singapour et Vietnam. La Chine a pour ce faire réorienté dix satellites à haute résolution. Sans résultat pour l'instant.
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