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BNP Paribas : Hollande écrit à Obama pour défendre la banque

Jusque-là silencieuses dans le conflit qui oppose les autorités américaines à BNP Paribas, menacée d'une lourde amende, les autorités françaises montent au créneau pour défendre la banque.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Les autorités françaises montent au créneau pour défendre BNP Paribas © Maxppp)

L'affaire mobilise jusqu'à l'Élysée et le sujet doit être abordé jeudi soir entre François Hollande et Barack Obama lors du dîner organisé pour les commémorations du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie.

Cette affaire, c'est celle de l'amende record que la justice américaine menace d'infliger à la banque française BNP Paribas. Elle est accusée d'avoir réalisé des opérations en dollars avec des pays sous embargo, comme le Soudan, l'Iran ou Cuba. La pénalité envisagée pourrait dépasser les 10 milliards de dollars. Elle pourrait être assortie d'une suspension temporaire des activités de la banque aux Etats-Unis, ce qui l'empêcherait de traiter des transactions en dollars.

Des chiffres "pas raisonnables " pour Laurent Fabius

Avant la rencontre entre François Hollande et Barack Obama, mercredi, François Hollande a écrit à son homologue américain. Un "courrier de protestation" dans lequel le chef de l'Etat demande à Obama que "cette sanction ne soit pas disproportionnée et injuste." Mardi, le gouvernement était pour la première fois sorti de son silence par la voix du ministre français des Affaires étrangères. Laurent Fabius a expliqué sur France 2 :

"S'il y a eu une faute, il est normal qu'il y ait une sanction mais la sanction doit être proportionnée et raisonnable. Ces chiffres-là ne sont pas raisonnables. "

Laurent Fabius a souligné que ce contentieux coïncidait avec les discussions entre l'Union européenne et les Etats-Unis sur leur futur partenariat commercial transatlantique et que, dans ce cadre, Washington enverrait un très mauvais signal en infligeant à BNP une sanction aussi dure :

"Là, vous auriez l'exemple d'une décision injuste et unilatérale. Ça serait un très sérieux et même grave problème. "

Un impact sur l'économie ?

Toujours selon Laurent Fabius, une telle amende infligée à l'encontre de la deuxième banque de la zone euro (derrière Santander) risquerait d'avoir des graves conséquences. "Ces chiffres (...) pourraient avoir un rôle d'entraînement négatif considérable et si Paribas voyait ses capitaux imputés, ça veut dire moins de prêts notamment pour des entreprises françaises. "

Car une amende de dix milliards de dollars aura un effet négatif sur les fonds propres de la banque. Et c'est le montant des fonds propres qui conditionne le niveau des crédits que les établissements bancaires ont le droit d'octroyer. De plus, l'interdiction, même temporaire, d'exercer aux Etats-Unis et de maintenir des opérations en dollars risquerait de faire perdre des clients à la banque fragilisant encore un peu plus l'établissement.

La France "prête à réagir fermement "

Dans une interview donnée aux Échos et mise en ligne mardi soir, Michel Sapin le ministre des Finances a lancé un avertissement aux Etats-Unis. Il a expliqué que la France était "prête à réagir fermement " pour protéger ses intérêts fondamentaux si BNP Paribas n'était pas traité "de manière équitable ". Et le ministre des Finances de préciser :

"Nous ne sommes pas là pour défendre une banque qui a reconnu des actes répréhensibles. Nous sommes là pour protéger la stabilité du système financier en France, pour s’assurer de sa capacité à financer correctement l’économie. "

 

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