Au moins 77 personnes ont été tuées et des dizaines blessées vendredi dans une nouvelle très forte éruption du Merapi
Cette éruption est "la plus puissante" depuis que le volcan le plus actif d'Indonésie est entré dans une phase éruptive, le 26 octobre, a indiqué Surono, le vulcanologue chargé de sa surveillance.
Ce bilan n'est que provisoire car "certaines zones sont inaccessibles en raison des fumées toxiques", selon Banu Hermawan, un porte-parole du principal de Yogyakarta, la grande ville située au sud du Merapi.
Depuis le 26 octobre, 113 personnes ont été tuées par les nuées ardentes et les écoulements pyroclastiques que crache le cratère, qui culmine à 2.914 m au milieu d'une région extrêmement peuplée du centre de l'île de Java.
Plus de 100.000 habitants ont déjà été contraints d'évacuer les villages situés sur les pentes ou au pied du volcan. Ce chiffre va continuer à augmenter après la décision prise vendredi par les autorités d'élargir la "zone dangereuse" de 15 à 20 km à partir du sommet. "Les habitants doivent évacuer rapidement", a demandé M. Surono qui indique ne pas être en mesure de prévoir l'évolution de cette série d'éruptions, déjà présentée comme la pire depuis plus d'un demi-siècle.
Considéré comme le volcan le plus dangereux du pays, le Merapi ("montagne de feu" en javanais) a déjà connu près de 70 éruptions depuis le milieu du XVIème siècle, dont certaines ont été dévastatrices, comme en 1930, quand 1.400 personnes étaient mortes.
La nouvelle éruption, qui a débuté peu après minuit, a notamment dévasté le village d'Argomulyo, pourtant éloigné de 18 kilomètres du cratère, a constaté un correspondant de l'AFP. "Les habitations ont été brûlées par les nuages de cendres et les nuées ardentes. De nombreux enfants sont morts", a indiqué Teguh Dwi Santosa, un médecin policier. Plusieurs corps étaient visibles au milieu des débris provoqués par un lahar (coulée de boue).
La fuite des habitants et les opérations d'évacuation ont provoqué des "scènes de chaos" en pleine nuit, selon un responsable des secours, Widi Sutikno. "Tous les moyens de transport disponibles ont été utilisés pour emmener les gens à l'abri".
Même à proximité de Yogyakarta, la grande ville située à une trentaine de kilomètres du volcan, la situation était devenue difficile vendredi matin. "L'air est irrespirable, on ne voit pas à quelques mètres et on est obligé de rouler pleins phares", a témoigné un écrivain français, Elisabeth Inandiak, installée depuis de nombreuses années dans la région.
Dans les centres d'accueil, installés dans des salles municipales ou religieuses, "les réfugiés sont à la fois très inquiets et désemparés. Les enfants surtout", a-t-elle souligné.
Lors d'une visite sur le terrain, le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono avaient appelé les évacués à "être patients", les avertissant que la phase éruptive pouvait encore durer plusieurs semaines.
L'aéroport de Yogyakarta a été fermé vendredi à l'aube car "la cendre recouvre la zone" mais il devait rouvrir dans la journée, selon un porte-parole du ministère des Transports, Bambang Ervan.
Les autorités appellent les pilotes à respecter une zone d'exclusion aérienne d'au moins 12 km autour du volcan.
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