Au cœur de l’offensive kurde en Irak, à 20km de Mossoul occupé par Daech
Pour rejoindre le front depuis le dernier check-point de l’armée kurde, le peshmerga Abdulrahman parcourt une longue route de terre qui traverse une dizaine de villages déserts. "Daech était encore dans ces villages il y a deux mois , raconte Abdulrahman. Ces ruines que vous voyez, ce sont des maisons frappées par la coalition internationale. Aucune famille n’est revenue car toutes les maisons sont encore minées. Nous avons simplement sécurisé la route principale pour pouvoir avancer, creuser de nouvelles tranchées, et y transférer les troupes pour pouvoir finalement lancer cette nouvelle attaque ."
"S’il y a un cas d’urgence, une voiture kamikaze par exemple, ils lui tirent dessus et la font exploser avant que la voiture n'atteigne les peshmergas. Dans le village que vous voyez devant nous, les véhicules blindés sont toujours en action"
Au sommet de la nouvelle tranchée d’où a démarrée l’offensive d’aujourd’hui, un peshmerga, Shivan, caché derrière un sac de sable, Kalachnikov à la main, guette les quelques kilomètres de plaine désertique qui nous séparent des combats. "Le bruit que l’on entend là , explique-t-il, ce sont les avions de la coalition qui observent. S’il y a un cas d’urgence, une voiture kamikaze par exemple, ils lui tirent dessus et la font exploser avant que la voiture n'atteigne les peshmergas. Dans le village que vous voyez devant nous, les véhicules blindés sont toujours en action. Certains ont dépassé le village pour chasser définitivement les troupes de Daech. Une fois que ce sera fait nous, moi et les gars de mon équipe, nous entrerons dans les villages pour les protéger face aux attaques de l’ennemi. Nous ne savons pas vraiment quand. Lorsque l’équipe sur place sent que c’est nécessaire, ils nous appellent et nous y allons. "
"Les moments les plus durs, ce sont les premières minutes d’une attaque ennemie. Ce moment où tu ne sais pas combien ils sont ni de quelle direction ils viennent"
Tous les hommes réunis derrière cette tranchée s’apprêtent donc à passer une nuit face à l’ennemi. Tous affirment n’avoir peur de rien, même Miran qui n’a que 22 ans : "J’ai rejoint les peshmergas il y a deux ans à l’arrivée de Daech , témoigne-t-il. Nous, les Kurdes sommes habitués à la guerre. Mais je crois que les moments les plus durs, ce sont les premières minutes d’une attaque ennemie. Ce moment où tu ne sais pas combien ils sont ni de quelle direction ils viennent. "
On ne s'habitue pas à la guerre
Sur le chemin du retour seul dans son 4x4, le vieux peshmerga Abdulrahman se confie : "On ne peut pas s’habituer à la guerre. Le pire moment pour un peshmerga c’est lorsque tu apprends la mort d’un ami qui était avec toi quelques instants plus tôt. Ici ton ami c’est la chose la plus importante. Tu l’aimes comme ton père, ton frère, ta famille. Moi par exemple, j’étais avec un ami hier soir, aujourd’hui il a été tué sur le front ."
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