Attentat de Nouakchott: le kamikaze identifié
Le kamikaze qui s'est fait exploser samedi à Nouakchott a été identifié, selon les autorités mauritaniennesLe kamikaze qui s'est fait exploser samedi à Nouakchott a été identifié, selon les autorités mauritaniennes
Il s'agit d'un Mauritanien "recruté par les salafistes" et entraîné "dans des camps" situés dans le Sahara, a affirmé lundi sur RFI le ministre mauritanien de l'Intérieur, Mohamed Ould Rzeizim.
L'explosion, qui s'est produite près de l'ambassade de France, a blessé légèrement deux Français et une Mauritanienne.
Ce type de procédé est "tout à fait nouveau en Mauritanie", a souligné le ministre de l'Intérieur. "La personne en question a été identifiée. Elle était répertoriée sur le fichier de la direction générale de la Sûreté", a-t-il précisé. "C'est un jeune natif de Nouakchott. On n'a jamais eu d'informations à son sujet qui pouvaient nous donner des indications sur son intégrisme. On a appris qu'il était en entraînement dans les camps, dans le grand désert situé entre la Mauritanie, le Mali et l'Algérie", a-t-il poursuivi.
La classe politique mauritanienne et les plus éminents religieux ont unanimement condamné l'attentat.
Un kamikaze a déclenché samedi une ceinture explosive près de l'ambassade de France à Nouakchott. Il a été tué dans l'explosion. Deux gendarmes français affectés à la sécurité de l'enceinte diplomatique, qui faisaient leur jogging, ont été légèrement blessés par des éclats. Une Mauritanienne a également été blessée légèrement.
La Mauritanie, qui n'avait jamais connu d'attentat suicide jusqu'à ce jour, est la cible depuis deux ans d'attaques de la branche maghrébine d'Al-Qaïda, implantée en Algérie, mais qui étend ses actions au Sahel. Cette action intervient six semaines après l'assassinat d'un Américain à Nouakchott, en plein jour, revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique.
La Mauritanie avait été très affectée fin 2007 par l'assassinat de quatre Français à Aleg (250 km à l'est de Nouakchott), pour lesquels trois jeunes Mauritaniens proches d'Al-Qaïda sont actuellement détenus, en instance de jugement.
La France a condamné "avec la plus grande fermeté l'attentat" de Nouakchott, a indiqué dimanche le quai d'Orsay.
Le parquet antiterroriste de Paris a ouvert une enquête sur l'attentat. Cette enquête de flagrance a été confiée à la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur, fusion de l'ex-DST et des Renseignement généraux). Des enquêtes de ce type sont régulièrement ouvertes quand des Français sont victimes de faits terroristes dans un pays étranger.
L'attentat survient trois jours après l'investiture présidentielle
L'attentat a lieu trois jours après l'investiture de l'ex-général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz dans ses fonctions de président élu de la Mauritanie. Une source policière, requérant l'anonymat, a assuré à l'AFP que le kamikaze était un Mauritanien, "né en 1987 à Nouakchott", qui a été "formellement identifié comme un membre de la mouvance jihadiste". Il s'est tué peu avant 19H dans une rue située entre l'ambassade de France et l'ambassade de Libye.
Deux Français, gendarmes employés à la sécurité de l'ambassade de France, faisaient de la course à pied au moment où le jeune homme a fait exploser les charges qu'il portait sur lui, selon le premier conseiller de l'ambassade de France, Marc Flattot. Ils "ont subi quelques petits impacts, très légers" mais sont "sous le choc et resteront (samedi) soir sous observation médicale" à l'hôpital, a ajouté le conseiller. Une source hospitalière a par ailleurs indiqué à l'AFP que l'un des deux Français avait été soigné "pour une blessure à la poitrine pas très grave". Une Mauritanienne a également été traitée brièvement aux urgences, selon une source policière mauritanienne. Elle avait été très légèrement touchée par des éclats d'explosifs alors qu'elle se trouvait à bord d'un véhicule.
Le corps déchiqueté du jeune kamikaze, qui gisait sur le trottoir ensablé, a été évacué dans la soirée vers la morgue, a constaté l'AFP. "C'est un élément que nous recherchions, il était dans le collimateur des services de sécurité" a assuré un responsable policier, ajoutant: "il serait rentré sur le territoire mauritanien il y a seulement dix jours".
La Mauritanie, vaste pays ouest-africain aux trois quarts désertique, avait été très affectée fin 2007 par les assassinats de quatre Français à Aleg (250 km à l'est de Nouakchott), pour lesquels trois jeunes Mauritaniens proches d'Al-Qaïda sont actuellement détenus, en instance de jugement.
Il y a un mois et demi, un Américain vivant et travaillant à Nouakchott, a été tué par balles dans le quartier du Ksar, en plein jour, alors qu'une junte militaire dirigeait le pays.La semaine dernière, trois Mauritaniens ont été inculpés et écroués à Nouakchott dans le cadre de l'enquête sur cet assassinat. Celui qui l'aurait planifié, Mohamed Abdallahi Ould Hemdnah alias "Eness", aurait par ailleurs reconnu avoir participé aux meurtres de soldats mauritaniens, en 2007 et 2008, selon une source judiciaire.
Dans son discours d'investiture comme président du pays, Mohamed Abdallahi Ould Abdel Aziz avait assuré mercredi qu'il "ne ménagerait aucun effort pour lutter contre le terrorisme et ses causes". Ce général de 53 ans avait mené, le 6 août 2008, le coup d'Etat qui avait renversé le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Depuis, il a maintes fois accusé le président déchu -au pouvoir pendant 15 mois- de s'être montré trop faible face aux terroristes.
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