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"Assurer la paix sociale, un défi considérable" pour la dynastie saoudienne

Quel avenir pour le royaume saoudien après la mort du roi Abdallah ? Les défis politiques et économiques sont nombreux. Alors que le prince héritier Salmane, lui-même très âgé, succède au roi Abdallah, la question du renouvellement des générations et de la paix sociale est au cœur du débat, selon Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe.
Article rédigé par franceinfo
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  (Gilles Kepel, spécialiste de l'islam et du monde arabe contemporain © MaxPPP)

Quelques heures après la mort du roi Abdallah d'Arabie saoudite ce vendredi, le cours du pétrole s'envolait déjà. Son demi-frère âgé de 79 ans, le prince Salmane lui succède. Un changement du titulaire du trône très regardé sur la scène internationale car le pays, premier exportateur mondial d'or noir, a une influence économique et politique considérable.

Pour Gilles Kepel, spécialiste de l'islam et du monde arabe contemporain, l'Arabie saoudite est "l'un des pays les plus importants du monde. A la fois parce qu'il contrôle une grande partie des exportations du pétrole mondial et parce que le roi d'Arabie saoudite est le véritable patron de l'islam sunnite mondial aujourd'hui, puisque c'est la pétromonarchie qui finance essentiellement la propagation d'un grand nombre d'instances de cette religion ".

Assurer la paix sociale dans un contexte géopolitique fragile

Le pays, dont la principale ressource est le pétrole, est face à un défi de taille, dans un contexte géopolitique fragile. "C'est un pays extrêmement riche, mais le problème de l'Arabie aujourd'hui c'est qu'elle a une population de plus en plus importante, qui est biberonnée à la rente pétrolière ." Une difficulté majeure, selon Gilles Kepel.

"Le budget saoudien est construit sur un pétrole à des cours beaucoup plus élevés qu'aujourd'hui, et la capacité du royaume à assurer la paix sociale, en particulier parmi les roturiers, est un défi considérable, à l'heure où des individus issus du salafisme, du wahhabisme, et qui sont devenus djihadistes, se retournent désormais contre l'Arabie saoudite, mènent des razzias à la frontière. Et une partie de la population roturière est sensible à l'idéologie des Frères Musulmans, donc le royaume est confronté à de nombreux défis ".

"Renouveller les générations " tout en maintenant la "cohésion du système "

Une pression économique sur fond de tensions politiques donc, et dans un contexte plus qu'incertain quant à l'avenir de la dynastie saoudienne. Le nouveau roi, le prince Salmane a lui-même une santé précaire. Et le nouveau prince héritier, Moqrin, autre demi-frère du roi Abdallah, souffre d'un manque de légitimité, explique Gilles Kepel. "Le prince Moqrin, qui était jusqu'à il y a peu le patron des services secrets, n'a pas de très forte légitimité dans la famille puisque sa mère était une concubine yéménite que le roi fondateur n'avait jamais épousé. Donc on va probablement être à la recherche d'un nouvel équilibre dans la famille royale puisque pour l'instant aucun prince de la 3e génération, c'est-à-dire des petits-enfants du roi fondateur, n'est en ligne de succession ".

"C'est donc le grand défi du système politique de la dynastie saoudienne : comment arriver à passer à la génération de gens plus jeunes et faire en sorte d'assurer un renouvellement des générations, en maintenant la cohésion du système ? C'est un problème qui est remis en permanence, et que la nomination de Salmane ne fait que prolonger ".

Gilles Kepel, spécialiste de l'islam et du monde arabe contemporain

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