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Un deuxième ex-Khmer rouge sous les verrous

C’est le plus haut responsable Khmer rouge encore en vie. Nuon Chea, alias « Frère numéro 2 » – le numéro 1 était Pol Pot – a été arrêté et inculpé pour "crimes de guerre et crimes contre l'humanité" par le tribunal spécial parrainé par les Nations-Unies.
Article rédigé par franceinfo
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Il coulait des jours paisibles chez lui, dans la région de Pailin, à la frontière thaïlandaise. Il ne se cachait plus depuis longtemps. Après tout, les anciens Khmers rouges avaient signé un accord de paix avec la pouvoir, en décembre 1998. Nuon Chea avait à l’époque prononcé des excuses, du bout des lèvres : « Naturellement, nous sommes désolés ; non seulement pour la vie des gens, mais aussi celles des animaux. Ils sont tous morts parce que nous voulions gagner la guerre. » Coutumier des provocations, Nuon Chea expliquait en juillet dernier que sa santé se dégradait, avant de promettre : « je ne mourrai pas avant le procès. »

Les juges l’ont sans doute entendu. Nuon Chea a été arrêté ce matin, chez lui, sur ordre du tribunal spécial chargé de juger les crimes du régime Khmer rouge. Agé aujourd’hui de 82 ans, il est le plus haut responsable Khmer rouge encore en vie, considéré comme l’idéologue du régime. Nuon Chea était « Frère numéro 2 », le bras droit de Pol Pot. Il serait derrière la plupart des purges qui ont ensanglanté le pays. Même s’il s’est toujours défendu d’avoir du sang sur les mains. « Je n’ai été mêlé à aucun meurtre. Je ne sais pas qui est responsable », disait-il dans un entretien à l’AFP en juillet dernier.
_ C’est lui qui aurait notamment donné l’ordre, deux jours avant la chute de Phnom Penh en 1979, de tuer tous les prisonniers encore en vie dans la prison de Tuol Sleng. Une prison dirigée à l’époque par Kang Kek Ieu, alias Douch – l'autre inculpé du tribunal spécial.

Le père François Ponchaud, l’auteur du livre qui a révélé au monde l’ampleur du génocide ("Cambodge année zéro") connaît bien Nuon Chea…

Nuon Chea vient d'être inculpé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Pas moins. Tout comme l'autre détenu cambodgien, Douch, l'ancien commandant de la prison de Tuol Sleng.

Chez les survivants du génocide, on se réjouit bien sûr de ces arrestations. Mais on reste plutôt sceptique, sur l'efficacité du tribunal spécial. Thun Saray est l'un d'eux.

Quatre autres personnes devraient a priori également être arrêtées. Le tribunal spécial n’a pas publié de listes, mais ce sont des noms qui reviennent très souvent : Kieu Samphan, l’ancien président du Kampuchea démocratique – le nom que les Khmers rouges avaient donné au pays. Dans ses mémoires, il assure n'avoir rien su du génocide en cours, et se décrit comme un vrai patriote. On parle aussi de l’ancien ministre des affaires étrangères, Ieng Sary ; de sa femme, Khieu Tirith, ancienne ministre des affaires sociales, et soeur de Pol Pot ; et de Meas Muth, le gendre du commandant militaire Ta Mok, décédé l’an dernier.

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