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Thaïlande: l'ombre de Thaksin plane sur les manifestations de Bangkok

Un projet de loi d’amnistie a mis le feu aux poudres à Bangkok, où des milliers de manifestants le contestent chaque jour depuis fin octobre 2013. Le texte, pourtant rejeté le 11 novembre par le Sénat, pourrait permettre le retour en Thaïlande de l’ancien Premier ministre en exil depuis 2008, Thaksin Shinawatra. Les démonstrations de force veulent pousser le gouvernement à la démission.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Bangkok: manifestants anti-gouvernementaux, lors d'un meeting au siège de la Police royale thaïlandaise, le 25 novembre 2013. ( BANGKOK POST PHOTO / SOMCHAI POOMLARDS)

Les manifestants, mus par leur refus d'un possible retour du milliardaire accusé de corruption, exigent désormais la tête de sa sœur, Yingluck, actuelle Première ministre qu'ils considèrent comme une marionnette de Thaksin.

Les opposants à ce projet de loi, qui a pourtant été rejeté par le Sénat le 11 novembre, estiment qu’il n’est rien moins qu’une tentative à peine voilée de la Première ministre d'exonérer son frère, renversé par un coup d'Etat militaire en 2006, de poursuites pour corruption. Thaksin avait été condamné en 2008 à deux ans de prison par contumace pour malversations financières. Yingluck Shinawatra, et son parti le Puea Thai, sont au pouvoir depuis 2011.
 
L’opposition redoute que le texte absolve tous les crimes liés aux violences politiques des dernières années, y compris le meurtre de manifestants non armés. Ces violences avaient culminé au printemps 2010, faisant 90 tués et 1.900 blessés.

L'amnistie inclurait non seulement les crimes liés aux troubles politiques, mais aussi les individus poursuivis par des organisations mises en place après le putsch de 2006.

 
Suthep Thaugsuban, un des leaders du Parti démocrate, principal parti d'opposition, estime que «le peuple ne veut pas de cette loi d'amnistie qui blanchit Thaksin Shinawatra». Cette formation, et ses alliés des «chemises jaunes», rassemble une élite urbaine.

Même son de cloche du côté des «chemise rouges», pourtant soutiens du gouvernement. Ils demandent «la justice pour ceux qui ont perdu la vie. Nous n'avons pas de problème avec le retour de Thaksin, mais nous ne  pouvons pas l'accepter si c'est au prix de la justice», avait déclaré au début du mouvement Thida Thavornseth, dirigeante du mouvement.
 
Mais une telle loi a aussi ses partisans. Ces derniers veulent croire qu’elle permettra au pays de repartir sur de bonnes bases, alors que la Thaïlande (4e nation la plus riche d’Asie du sud-est) vit depuis des années au rythme de manifestations pro ou anti-Thaksin.
 
La société thaïlandaise reste divisée entre les masses rurales et urbaines défavorisées du nord et du nord-est, fidèles à Thaksin, et les élites de Bangkok, gravitant autour du palais royal, qui le détestent.
 
Le Puea Thai de la Première ministre Yingluck Shinawatra a déjà tenté plusieurs fois, depuis son arrivée au pouvoir en 2011, d'introduire des législations qui auraient, semble-t-il, permis le retour de Thaksin. Mais jusque là, les réactions populaires en ont eu raison.

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