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Taïwan: la nouvelle présidente Tsai Ing-wen se veut consensuelle avec la Chine

En prenant officiellement les rênes du pouvoir, le 20 mai 2016, la nouvelle présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a appelé à un «dialogue positif» avec la Chine. De son côté, la presse chinoise est restée quasi silencieuse sur l'intronisation de Mme Tsai. Sa victoire électorale de janvier 2016 avait rafraîchi un peu plus encore les relations entre les deux pays.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
A 59 ans, Tsai Ing-wen est la première femme à accéder à la fonction suprême de l'Etat. (臺北市攝影記者聯誼會 / ANADOLU AGENCY)

Devant une foule de 20.000 personnes rassemblées face au siège de la présidence de Taipei, Mme Tsai, 59 ans, a prêté serment, devenant la première femme chef de l’Etat de Taïwan. «Les deux parties gouvernantes sur les deux rives du détroit (de Taïwan) doivent laisser de côté le poids de l’Histoire et s’engager dans un dialogue positif, pour le bénéfice du peuple de part et d’autre», a-t-elle déclaré.

La nouvelle présidente et le parti démocratique progressiste (PDP) refusent de reconnaître le consensus de 1992 conclu entre Pékin et Taipei, selon lequel il n’y a qu’«une seule Chine» avec une interprétation propre à chacune des parties. S’abstenant d’utiliser cette expression, Mme Tsai a néanmoins répété qu’elle maintiendrait le «statu quo».

Rétablir la fierté de Taïwan
Lors des élections, présidentielle et législatives, de janvier 2016, qui l'ont amenée au pouvoir, une majorité d’électeurs avaient tourné le dos au parti nationaliste Kuomintang (KTM) du président Ma Ying-jeou. Lequel avait, durant deux mandats, multiplié les rapprochements et les accords économiques avec la Chine continentale. 

Mme Tsai, ancienne universitaire, avait mis de l'eau dans le vin du PDP, connu pour ses positions indépendantistes, et avait fait campagne pour rétablir la fierté de Taïwan. Le message était bien passé auprès des Tawanais peu enclins à ce que leur île perde sa souveraineté.

Dans son discours d'intronisation, la nouvelle présidente est allée aussi loin que possible pour apaiser Pékin mais sans s'aliéner les Taïwanais méfiants à l'égard de la Chine, estiment les analystes.


Mme Tsai adopte un ton conciliant
Pour Tang Shao-cheg, politologue à l'Université nationale Chengchi, «elle a tenté d'adopter une ton conciliant, compte tenu du manque de confiance entre les deux parties». Mais «la Chine ne va pas accepter ce discours facilement», estime Yang Kai-huang de l'université Ming Chuan de Taipei.

Cherchant à présenter Taïwan comme une force de paix, Mme Tsai a ajouté, lors de son discours inaugural, que «les relations entre les deux rives du détroit font désormais partie intégrante de la construction de la paix et de la sécurité collective dans la région». 

La Chine, qui n'exclut pas de recourir un jour à la force pour ramener l'île dans son giron, est méfiante vis-à-vis du PDP, dont la charte comporte une clause privilégiant «une République de Taïwan souveraine et indépendante»

Mise en garde de Pékin
Pékin a mis en garde la nouvelle présidente contre toute mesure qui irait dans le sens d'une déclaration d'indépendance officielle. Les tensions entre les deux Etats sont montées d'un cran ces dernières semaines avec le renvoi vers la Chine de ressortissants Taïwanais, migrants illégaux et fraudeurs, de Malaisie et du Kenya. 

Anciennement Formose, Taïwan est administré sous le nom de République de Chine depuis 1949, année où les nationalistes du KTM s'y étaient réfugiés, vaincus par les communistes de Mao Tsé-toung. Après la mort de Chiang Kaï-shek en 1975, l'île s'était progressivement démocratisée.

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