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Sous-payés, les ouvriers du textile du Bangladesh laissent exploser leur colère

En avril 2013, le Rana Plaza, immeuble abritant des sociétés du textile près de Dacca, s’effondrait, faisant plus de 1.100 morts. L’accident avait braqué les projecteurs sur les conditions de travail des ouvriers du textile au Bangladesh. Depuis la mi-septembre, ils sont des centaines de milliers à exprimer leur colère, faute d’obtenir un salaire minimum de 100 dollars par mois.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Manifestation à Gazipur, à 40 km au nord de Dacca, le 23 septembre, 2013. ( AFP PHOTO / STR)

Rues et routes bloquées, usines incendiées (notamment dans le faubourg de Savar, où l'immeuble s'est effondré) ou fermées… Dacca vit au rythme des manifestations contre les faibles salaires et les mauvaises conditions de travail dans le secteur de l'habillement au Bangladesh, à destination de marques occidentales, notamment.
 
La colère est telle que des milliers d'ouvriers ont également attaqué un centre de policiers réservistes à quelque 40 km au nord de Dacca et dans la zone industrielle de la capitale, Tejgaon. Ils se sont confrontés aux forces de l’ordre devant le siège de l'Association des fabricants de textile.
 
Nazma Akter, président de la Fédération unifiée des ouvriers du textile, qui regroupe 52 associations d'employés du secteur, l’affirme : «Nous sommes le dos au mur et nous n'avons pas d'autre choix que d'élever fortement notre voix. Nous n'hésiterons pas à faire ce qu'il faut pour satisfaire nos demandes.»

Des ouvriers du textile dans une usine de Dacca, au Bangladesh, le 23 septembre 2013. (AFP PHOTO / Munir uz Zaman)
 
Pour l’heure, le salaire mensuel de base de la majorité des trois millions de travailleurs du secteur ne représente que 38 dollars, ce qui équivaut à la moitié du salaire moyen d’un ouvrier du textile au Cambodge (touché par des grèves en juin 2013 pour les mêmes raisons). Un salaire qu’ils avaient obtenu suite à un accord signé en août 2010 entre les syndicats, le gouvernement et les fabricants.
 
Deux mois après le drame du Rana Plazza, le gouvernement avait mis en place un groupe de travail pour faire un point sur les salaires. Les syndicats avaient alors demandé un minimum de 100 dollars.
 
C’était sans compter les propriétaires d'usines qui ont rejeté la demande, affirmant qu'ils ne pouvaient augmenter les salariés que de 20%. Leurs arguments : une conjoncture économique mondiale morose.
 
Deuxième exportateur de vêtements au monde, le Bangladesh compte 4.500 usines où travaillent quatre millions de personnes. Le secteur représente 20 milliards de dollars à l’exportation, soit 80% de ses exportations annuelles.

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