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Quand le Laos prend exemple sur le Vietnam ou la Birmanie pour censurer Internet

Le 16 septembre 2014, le Premier ministre laotien a signé un décret imposant l'utilisation «responsable et constructive» du web dans son pays. Un euphémisme qui cache une véritable censure d'internet. Et pour rédiger un guide de bonne conduite sur la toile, le Laos a prix exemple sur certains de ses voisins d'Asie.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Dans un cyber café de Luang Prabang, au Laos. (PASCAL DELOCHE/GODONG / PHOTONONSTOP)

Le texte, inspiré des législations appliquées au Vietnam, en Chine ou en Birmanie, devrait être mis en application avant la fin 2014. Le gouvernement justifie officiellement cette législation par la prolifération de fausses informations et de contenus inappropriés sur les sites de médias sociaux tels que Facebook (60.000 utilisateurs en 2011, 500.000 trois ans plus tard, dont 82% de moins de 30 ans). Mais officieusement, elle semble avoir été mise en œuvre pour limiter la liberté d'expression et d'autres droits des citoyens, ainsi que l'a écrit Mong Palatino dans Global Voices, le 28 septembre 2014. 

 
Si l'article 28 reconnaît le droit à ​la vie privée, à la protection de la propriété intellectuelle, il sanctionne la pornographie, le partage de photos qui vont à l'encontre des «traditions et de la culture lao». Il interdit également les comptes anonymes ou les pseudos, comme annoncé quelques jours plus tôt dans le quotidien d'Etat Vientiane Times.

Des cyberdélits sont également prévus. Ils toucheront les internautes ayant diffusé de fausses informations contre le parti au pouvoir (Parti révolutionnaire populaire lao), encouragé sur la toile le terrorisme et le désordre social, mis en ligne des campagnes qui portraient atteinte à la solidarité entre les groupes ethniques ou encore ayant déformé la vérité ou terni la dignité et les droits des individus, des secteurs, des institutions et des organisations...

Boutique en ligne dans le centre de Vientiane, la capitale du Laos. ( AFP PHOTO / HOANG DINH Nam)

Comme les définitions de ces délits sont larges, les détracteurs de cette loi estiment qu'elles pourront facilement être utilisées à charge pour mettre en défaut journalistes, militants des droits de l'Homme ou opposants gouvernementaux. «Les mesures punitives vont de l'avertissement aux poursuites civiles ou pénales», selon Vientiane Times.

De leur côté, les autorités estiment qu'il s'agit là d'éviter les abus et la mauvaise utilisation de ce média. Et de prendre pour exemple les fausses informations ayant récemment circulé sur la toile sur un trafic d'organes dans le pays que le gouvernement a dû démentir.

A Vientiane, le gouvernement a promis qu'il ne coupera pas l'accès à Internet. Mais au vu des restrictions envisagées, on peut en douter. Cela dit, le facteur économique qui va de pair avec le développement du secteur (le pays connaît une multiplication des fournisseurs d'accès et des magasins d'informatiques depuis 2011) aura – peut-être – un effet relatif sur les sanctions évoquées.

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