Plus d'un an après Fukushima, le Japon relance deux réacteurs nucléaires
La décision a été annoncée samedi, en dépit d'une opinion encore sous le choc et réticente.
Ils étaient à l'arrêt depuis plus d'un an. Le Premier ministre nippon, Yoshihiko Noda, a ordonné samedi 16 juin le redémarrage de deux réacteurs nucléaires de l'ouest du Japon, une première depuis l'accident atomique de Fukushima provoqué par le tsunami du 11 mars 2011.
Actuellement, l'ensemble des 50 réacteurs nucléaires de l'archipel sont stoppés à cause des séismes ou pour des sessions de maintenance régulière.Une unité à Tomari (nord) avait certes gagné en août dernier le droit de repasser en mode d'exploitation commerciale, mais il ne s'agissait pas d'un redémarrage à proprement parler.
Répercussions sur l'économie du pays
La décision de relance d'Ohi (ou Oi) 3 et 4 a été prise samedi matin au terme d'un long processus et à l'issue d'une réunion ministérielle suivant l'accord définitif des autorités locales. Les deux unités d'Ohi ont été jugées sûres par l'Agence de sécurité nucléaire placée sous la tutelle du puissant ministère de l'Industrie (Meti), un comité ad hoc et les élus locaux.
"L'arrêt des réacteurs prive le pays de 30% de sa production électrique", avait insisté le Premier ministre en fin de semaine dernière. "Ce n'est pas qu'un problème de pénurie cet été" au moment des pics de consommation, mais de répercussions sur l'économie du pays dont l'activité risque d'être freinée. En ce sens, "l'énergie nucléaire est une source d'électricité cruciale", a-t-il affirmé.
Un nouveau plan énergétique à l'horizon 2030
Dans le même temps,Yoshihiko Noda a de nouveau promis de définir d'ici au mois d'août un nouveau plan énergétique à l'horizon 2030 prévoyant une "réduction autant que possible de la dépendance à l'énergie nucléaire".
"Le parti au pouvoir prend des décisions horribles en autorisant les réacteurs d'Ohi à redémarrer, alors même que la nouvelle autorité de régulation nucléaire indépendante promise n'est pas encore en place", a protesté un responsable de l'opposition, Nobuteru Ishihara.
Une pétition de plus de 7 millions de signature
L'opinion, quant à elle, reste perplexe. Une partie d'une pétition appelant à l'abandon de l'énergie nucléaire et rassemblant au total plus de 7 millions de signatures a été remise au gouvernement vendredi par le prix Nobel de littérature Kenzaburo Oe accompagné d'autres éminentes personnalités. Des milliers de manifestants opposés à l'emploi de l'énergie atomique ont en outre fait le siège vendredi soir et samedi devant la résidence du Premier ministre où se tenait la réunion décisive.
La catastrophe de Fukushima Daiichi, qui a révélé la vulnérabilité des installations atomiques nippones, toutes situées en bord de mer, a poussé les autorités à renforcer leur niveau de sécurité. Plus de 20 réacteurs ont jusqu'à présent subi de nouveaux examens obligatoires dont les comptes-rendus ont été soumis aux instances de contrôle.Si ces unités sont jugées sûres, elles devront aussi être réactivées, a averti le gouvernement.
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