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Pénurie électrique: le Pakistan mise sur le charbon

Le charbon pour assurer sa production d'électricité, le Pakistan fait dans l'urgence. Le Baloutchistan, région agitée du sud-ouest du pays, regorge de ce minerai et rêve de devenir le fournisseur d’énergie du Pakistan. Mais la route est encore très longue.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des mineurs afghans font une pause dans une mine du Baloutchistan (UNHCR)

La crise énergétique pakistanaise est endémique. Depuis des années, le pays est en proie à des coupures de courant qui frappent durement son industrie et les particuliers. Faute de barrages hydrauliques ou de centrales thermiques, 30% de la demande en électricité n’est pas satisfaite. Parfois, la fourniture électrique est interrompue durant près d’une journée.
 
La capacité électrique actuelle assure une consommation de 14 0000 MW. Les projets en cours offriront une couverture de 5000 MW supplémentaires. Or, il en faudrait le double pour les cinq années à venir.
La ressource électrique était un thème de la campagne électorale de mai 2013. Le tout récent gouvernement de Nawaz Sharif a décidé de prendre le problème à bras le corps et de lancer un vaste plan d’équipement de centrales électriques au charbon. Le charbon, bien que pointé du doigt pour la pollution qu’il génère, est perçu comme le sauveur du pays.
 
La construction de la première centrale a commencé dans la ville de Thar, au sud du pays, pour un coût d’un milliard et demi de dollars. Le petit port de Gadani, près de Karachi, accueillera une centrale de 600 MW. Enfin, une centrale de même puissance sera bâti à Jamshoro, autre ville du sud. Dans le même temps, des centrales au fuel seront converties au charbon, moins onéreux.

Le charbon sera en grande partie importé. Le futur terminal portuaire de Karachi pourra traiter annuellement huit millions de tonnes de charbon en 2015. Une seconde phase, prévue en 2020, portera la capacité à 20 millions de tonnes, pour un coût de 200 millions de dollars.
 

Et c’est là que le Baloutchistan se prend à rêver. Son sous-sol pourrait faire de lui la réserve énergétique du pays. Des experts estiment que dans la région de Sindh, le potentiel s’élèverait à 175 milliards de tonnes de charbon. La région la plus pauvre et la plus délaissée du Pakistan, où près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, prendrait ainsi sa revanche.
 
Un potentiel de développement économique qui ne peut que renforcer les désirs d’indépendance d’une partie des dix millions de Baloutches du Pakistan. Le Baloutchistan, au sud-ouest du Pakistan, est une région en proie à des mouvements sécessionnistes depuis des dizaines d'années. La présence de charbon renforcera assurément les accusations proférées à l’encontre du pouvoir central, de pillage des richesses naturelles du Baloutchistan.
 
Mais le réveil économique n’est pas encore à l’ordre du jour. Faute d’investissements, l’extraction du charbon reste une activité peu rentable et meurtrière. Les mines sont profondes et petites. Une trentaine d’hommes travaillent à 500 mètres de profondeur. Cela explique la production très faible : 100 000 tonnes annuellement, bien loin des rêves de prospérité.

Il faudra des investissements massifs pour faire de la région un centre minier majeur. Et rien ne dit que le pouvoir d' Islamabad a envie d'aider une région qui rêve d'indépendance.

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