Pakistan : les talibans confirment la mort de leur numéro 2
Ils appelent à des représailles contre le gouvernement.
Les talibans pakistanais crient vengance. Le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe rebelle du pays, a confirmé, jeudi 30 mai, que Wali ur-Rehman, son numéro deux et l'un de ses plus influents commandants, avait été tué la veille par le missile d'un drone américain dans le Nord-Ouest. En représailles, il a immédiatement appelé à attaquer le gouvernement local.
Qui était ce responsable ?
Âgé d'environ 42 ans, Wali ur-Rehman était depuis plusieurs années le numéro deux du TTP. Selon la Maison Blanche, il en était "le responsable de la stratégie militaire" du mouvement, affillié à Al-Qaïda. Les Etats-Unis avaient mis sa tête à prix, offrant 5 millions de dollars (3,8 millions d'euros) en échange d'informations pouvant mener à sa capture. Washington le soupçonnait notamment d'avoir facilité la circulation transfrontalière des rebelles talibans qui combattent les forces occidentales menées par les Américains en Afghanistan.
La mort de Wali ur-Rehman avait été annoncée mercredi officieusement par des sources pakistanaises concordantes, mais le TTP n'avait avant jeudi soir pas fait de commentaire. Ni Washington, ni Islamabad ne l'ont encore officiellement confirmée.
Quelles sont les conséquences de sa mort ?
Le décès de Wali ur-Rehman, très respecté et influent tant d'un point de vue politique que religieusement au sein du TPP, risque porter un coup sérieux au mouvement. "Nous sommes fiers de son sacrifice et nous accomplirons sa mission", a toutefois lancé son porte-parole après avoir reconnu la mort du numéro deux. Dans le viseur du TTP, on trouve le gouvernement et les forces de sécurité pakistanaises, accusées de fournir des renseignements aux Américains pour leurs tirs de missiles par des drones.
Selon des experts interrogés par l'AFP, la mort du responsable taliban pourrait également ralentir le processus de paix politique au Pakistan. Le prochain Premier ministre du pays, Nawaz Sharif, n'a en effet pas écarté la possibilité de pourparlers de paix avec le TTP pour mettre fin à la vague d'attentats rebelles qui ensanglantent le pays depuis 2007. Et dans ce cadre, Wali ur-Rehman, qui avait reçu une solide formation religieuse et milité politiquement avant de prendre les armes, apparaissait, selon plusieurs analystes, comme un interlocuteur très utile, voire incontournable.
En comparaison, les négociations s'annoncent bien plus compliquées avec le numéro 1 du TTP Hakimullah Mehsud, combattant réputé impétueux et radical et plus enclin à frapper le Pakistan que Wali ur-Rehman, plus absorbé par le conflit afghan.
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