Pakistan: l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto fixe son retour au 18 octobre
L'ancien Premier ministre Benazir Bhutto a annoncé vendredi son retour d'exil au Pakistan le 18 octobre, pour participer aux législatives, mais sans évoquer l'état de ses négociations pour un partage du pouvoir avec le président Pervez Musharraf, de plus en plus impopulaire.
"J'ai une bonne nouvelle pour le peuple: elle arrivera le 18 octobre et atterrira à Karachi", la capitale économique du Pakistan, dans le sud, a lancé à Islamabad Makhdoom Amin Fahim, le vice-président du Parti du Peuple Pakistanais (PPP), le parti de Mme Bhutto.
Mme Bhutto, qui s'est exilée volontairement en 1999 pour échapper à des poursuites pour corruption, fut deux fois chef du gouvernement, de 1988 à 1990, puis de 1993 à 1996.
La première et seule femme Premier ministre de la République Islamique du Pakistan, une puissance nucléaire de 160 millions d'habitants, n'a cependant pas annoncé si elle avait ou non progressé dans ses négociations avec le président Pervez Musharraf, pour un futur partage du pouvoir, dans lequel ce dernier conserverait la présidence tandis qu'elle redeviendrait Premier ministre, à la faveur des législatives prévues fin 2007 ou début 2008.
Ces pourparlers, entamés fin juillet, semblent piétiner et l'annonce de la date du retour de Mme Bhutto, accentue la pression sur le régime militaire du général Musharraf, de plus en plus impopulaire.
En échange du soutien de l'influent PPP à M. Musharraf lors de la présidentielle qui doit avoir lieu d'ici à mi-octobre, Mme Bhutto exige du président qu'il renonce notamment à sa casquette de chef d'état-major des armées, mais aussi à un certain nombre de pouvoirs, notamment celui de dissoudre le Parlement.
M. Musharraf s'est emparé du pouvoir le 12 octobre 1999 par un coup d'Etat sans effusion de sang en renversant l'éternel rival de Mme Bhutto, l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif.
Ce dernier, qui a accepté de prendre le chemin de l'exil en décembre 2000 pour éviter une condamnation à la prison à vie pour corruption et trahison, a tenté lui aussi, lundi, un retour au pays qui a tourné court: aussitôt descendu de l'avion à Islamabad, il a été expulsé vers l'Arabie saoudite.
Un éventuel accord avec M. Musharraf doit également prévoir un abandon des poursuites intentées pour corruption contre Mme Bhutto et son époux par le gouvernement Sharif et un amendement de la constitution stipulant que personne ne peut être Premier ministre plus de deux fois.
La côte de popularité de Mme Bhutto a cependant souffert, ces derniers temps, de l'annonce de négociations avec celui qu'une majorité de plus en plus large de Pakistanais considère comme un "dictateur militaire".
Mme Bhutto dirige le PPP depuis son exil à Londres ou Dubaï.
"Il n'y a pas d'interdiction pour son retour, elle aurait pu revenir n'importe quand", a commenté à l'AFP le vice-ministre de l'Information, Tariq Azeem. "Mais tant que les accusations de corruption existent, et ne sont pas abandonnées, la justice suivra son cours", at-il averti. En d'autres termes, si les négociations avec M. Musharraf n'aboutissent pas.
Pourtant, les Etats-Unis, multiplient les pressions à peine voilées pour le succès d'un ticket Musharraf-Bhutto, seul rempart, selon eux, à la montée en puissance des islamistes, notamment des combattants fondamentalistes d'Al-Qaïda proches des talibans dans les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, qui multiplient les attentats, très meurtriers depuis deux mois.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.