Lollywood ou la renaissance du cinéma au Pakistan
Le cinéma pakistanais revient de loin. Dans les années 60, Lollywood, le Hollywood local basé à Lahore (est), produisait une centaine de films par an, notamment politiques et romantiques. Avant de culminer avec des classiques comme Umrao Jaan Ada, (Le courtisan de Lucknow) en 1972 et Aina (Le miroir) en 1977. Le pays comptait alors quelque 700 salles de projection.
Dans les années 80, Lollywood périclite en raison de la censure de la dictature du général Muhammad Zia-ul-Haq. Le pays ne compte plus alors qu’une centaine de salles de cinéma. L’activité ne va renaître que dans les années 2000 avec l’assouplissement de la censure. En 2013, elle a produit une vingtaine de films dont certains n’hésitent pas à aborder de front les problèmes du Pakistan.
Sorti en 2013, Zinda Baagh, réalisé par Meenu Gaur et Farjad Nabi, est la première œuvre pakistanaise à avoir été sélectionnée aux Oscars en… 50 ans. Cette œuvre, à la fois grave, légère et pleine d’humour, raconte l’histoire de trois jeunes de Lahore qui ne rêvent que d’une seule chose : émigrer. On y découvre notamment des chansons et des danses dignes de… Bollywood, le cinéma du grand rival indien. Lollywood est-il un pastiche de Bollywood? Pas si simple!
Nous avons demandé leur avis à Meenu Gaur et Farjad Nabi.
Comme dans le cinéma indien, on trouve dans votre film plusieurs chansons et danses ? Avez-vous voulu parodier Bollywood ?
Raconter une histoire par des chansons est une tradition commune à tout le cinéma sud-asiatique. Meenu et moi avons voulu rendre hommage à cette tradition en utilisant certaines formes de chansons filmées, notamment le duo entre le héros et l’héroïne du film. Pour autant, cette tradition a tendance à disparaître car les jeunes cinéastes s’y conforment de moins en moins. Même les festivals de cinéma et les programmeurs n’acceptent plus ou n’encouragent pas les films avec chansons, comme si ceux-ci appartenaient à une genre esthétique mineur. Nous ne pensons pas et ne croyons pas qu’on devrait imposer aux réalisateurs une manière de tourner des films. Quel que soit leur pays, les réalisateurs devraient se sentir libre de revendiquer leur propre manière de tourner et pouvoir s’y tenir.
Pourquoi avoir choisi des acteurs non professionnels pour jouer les trois héros jeunes ? Et pourquoi avoir pris une star indienne, Nasserundin Shah, pour jouer le rôle d’un mafieux ? Le casting est-il un clin d’œil aux rapports tendus qu’entretiennent, depuis des décennies, le Pakistan et l’Inde ?
Nous avons choisi nos acteurs non professionnels lors d’auditions ouvertes parce que nous voulions recréer un univers authentique et crédible. La vie que ces jeunes vivent dans la réalité est très proche des rôles qu’ils jouent dans le film. Pour nous, en prenant des acteurs non professionnels, on procure au spectateur un sentiment de familiarité et d’intimité.
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