L’Iran part en guerre contre Hollywood
Téhéran a demandé à une avocate française de "trouver des moyens judiciaires" pour mettre fin aux productions cinématographiques américaines mettant en cause son régime.
Le pays des mollahs ne supporte plus d'être cantonné au rôle de méchant. L'Iran a demandé à l'avocate française Isabelle Coutant-Peyre de "trouver des moyens judiciaires afin de stopper les productions américaines mettant en cause le régime iranien". L'avocate internationale a confirmé l'information, mercredi 13 mars. Elle est actuellement en Iran à l'invitation de responsables au sein du ministère de la Culture, qui lui ont demandé de "voir s'il existe des moyens pour que la production spécifiquement anti-iranienne s'arrête". Dans leur viseur, le film Argo, contre lequel la riposte se prépare.
L'Iran fâché avec Hollywood depuis 1991
Dès 1991, le film américain Jamais sans ma fille a provoqué une polémique en Iran. Il raconte l’histoire vraie d’une Américaine qui a suivi son mari iranien dans son pays d’origine, avant qu’il ne devienne fondamentaliste et refuse de la laisser partir avec leur enfant. Plus récemment, le film 300 (2006), fiction dans laquelle les Grecs affrontent l'empire perse, a été décrit par l'Iran comme une "insulte" à la culture perse (ancêtre de l'Iran). Le film The Wrestler (2009) s’est, lui, attiré les foudres du régime parce que son héros, un vieux catcheur, se bat sur le ring contre un adversaire baptisé l'Ayatollah.
Mais c'est avec Argo de Ben Affleck qu'Hollywood s'est attiré les foudres de Téhéran. Et depuis son sacre aux Oscars, la colère ne retombe pas. Pour le régime iranien, Argo est un film "politique" et multiplie les "scènes fausses". Il considère cette production comme une publicité pour la CIA. Même des médias iraniens indépendants et réformateurs ont critiqué le film, note le blog Nouvelles d'Iran. Les officiels du ministère de la Culture iranien ont organisé, le 11 mars, une conférence consacrée à la critique du film baptisé "le canular d'Hollywood". Selon les sites officiels iraniens, l'avocate française Isabelle Coutant-Peyre y était présente.
Les ripostes iraniennes
Le recours juridique. L'avocate Isabelle Coutant-Peyre dénonce "la falsification historique" d'un film "supposé être basé sur des archives déclassifiées" du gouvernement américain. Selon elle, Argo est un cas "de dénigrement, d'atteinte à l'honneur et à la considération" de l'Etat iranien et de sa population par les producteurs. Pour porter l'affaire devant un tribunal français, elle compte s'appuyer sur l'article 1382 du Code civil sur l'obligation de réparation d'un dommage causé à autrui. Selon elle, le droit suisse punit aussi la diffamation d'un Etat étranger. Un éventuel procès "permettrait un débat contradictoire pour rétablir la vérité et que l'opinion publique n'ait pas qu'un son de cloche", a-t-elle dit.
La réponse artistique. L’Iran compte aussi riposter à Argo en subventionnent son propre film sur la crise des otages américains de 1979, précise le New York Times (en anglais). "Ce film, qui sera une très grosse production, doit être une réponse appropriée au film Argo, auquel il manque une vue réaliste des évènements historiques", explique le réalisateur iranien Ataollah Salmanian, qui sera aux manettes de The General Staff. D'après le quotidien américain, le scénario est déjà prêt et il sera subventionné par le ministère de la Culture iranien.
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