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Les autorités chinoises sous tension, 20 ans après le Printemps de Pékin

Les forces de sécurité chinoises sont en état d'alerte : le régime redoute des troubles à l'occasion du 20ème anniversaire des événements de Tiananmen. Le 15 avril 1989, la mort du dirigeant communiste réformateur Hu Yaobang avait été le détonateur des manifestations estudiantines réprimées dans le sang quelques semaines plus tard.
Article rédigé par franceinfo
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Aujourd'hui en Chine, c'est le début d'une nouvelle période de tensions et d'atmosphère sécuritaire. Une ambiance qui s'étendra au-delà du 4 juin, date de la répression sanglante par l'armée de six semaines de manifestations estudiantines à Pékin. Vingt ans après, le tabou perdure et peu d'universitaires ou chercheurs chinois se risquent à commenter publiquement les événements déclenchés par la mort de Hu Yaobang, secrétaire général du Parti communiste évincé en 1987 pour laxisme vis-à-vis de manifestations étudiantes (déjà) fin 1986. L'homme symbolisait les réformes politiques qui avaient connu un coup d'arrêt après son limogeage.

Pour la jeunesse, sa mort brutale d'un infarctus est un signal. Dès le 17 avril 1989, une première manifestation rassemble 700 personnes. A la veille des obsèques, le 21 avril, une vingtaine d'universités sont en grève et le lendemain 200.000 personnes se massent place Tiananmen et exigent de dialoguer avec le pouvoir. Le ton monte le 25 avril lorsque le Quotidien du Peuple accuse les étudiants de vouloir renverser le Parti .
_ Dans le discours officiel, Hu Yaobang devient alors l'objet de critiques qui jettent de l'huile sur le feu. Le mouvement grossit avec l'afflux de citadins et d'ouvriers qui défilent avec les étudiants lors de manifestations monstres. Puis il déborde sur mai, avec ses grévistes de la faim devant les caméras du monde entier place Tiananmen. Et sur juin, jusqu'à la tragédie les 4 et 5 juin 1989, quand l'armée tire sur les étudiants.

Ce matin, plusieurs dissidents chinois ont fait état d'un renforcement de la surveillance dont ils font l'objet, voire d'interpellations. C'est le cas de Qi Zhiyong, 52 ans, ancien du mouvement contestataire de Tiananmen, amputé d'une jambe en 1989 après avoir été touché par une balle lors de la répression. Il dit avoir été interpellé à son domicile par la police de sûreté de l'Etat. Le groupe Chinese Human Rights Defenders, a été saisi de plusieurs autres cas : "Il y a un certain nombre de personnes qui sont soumises à une surveillance accrue et auxquelles il a été conseillé de ne pas participer aujourd'hui à des réunions avec d'autres dissidents", confirme sa porte-parole.

Pour les autorités de Pékin, la répression, qui a tué des centaines voire des milliers de personnes, se justifiait par la nécessité de contrer une rébellion "contre-révolutionnaire". Ce matin, l'anniversaire de la mort de Hu Yaobang a été passé sous silence dans les médias chinois.

Anne Jocteur Monrozier, avec agences

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