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Le Vanuatu, au-delà des clichés

Indépendant depuis 1980, le Vanuatu, archipel de 83 îles et îlots mélanésiens dans le Pacifique sud, ne fait, depuis, que très peu parler de lui. Cet ancien condominium franco-britannique de 240.000 habitants, anciennement appelé Nouvelles-Hébrides, vit de la pêche, de l’agriculture et du tourisme. Il est aussi connu pour être un paradis fiscal.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dans un village de l'île de Tana, sur l'archipel de Vanuatu (AFP - Torsten BLACKWOOD )

Peu d'informations circulent sur le Vanuatu. Ne serait-ce que des catalogues de tourisme avec des photos de plages de rêve... Même si ce pays, qui s’étend sur 1000 km, subit régulièrement séismes, éruptions volcaniques, tsunamis et cyclones. Le 9 mars, un tremblement de terre, d'une magnitude de 7,1, s'est ainsi produit le 9 mars au large de l'île Vanuatu sans faire de victime.

De fait, les clichés abondent. En 2006, la New Economics Foundation s’était posé la question de savoir où l’on vit le mieux sur Terre. Bilan: c’est au Vanuatu que l’existence serait la plus douce, dans un pays sans commerce ni industrie, dont l’économie ne génèrerait aucune pollution…

Touristes en croisière près de Port Vila, capitale du Vanuatu (2-8-2010) (AFP - Torsten BLACKWOOD)


Une économie qui reste fondée sur le troc
Dans ce contexte, le tourisme (40 % du PIB) est l’une des principales ressources de l’archipel. Les complexes hôteliers se développent, notamment financés par des Australiens.

Mais au-delà des clichés, les revenus issus de l’activité touristique ne profitent pas à grand monde en dehors de Port Vila, la capitale. Des bidonvilles se développent autour de la ville, en raison, notamment de l’arrivée de jeunes venus d’autres îles qui tentent de gagner un peu d’argent. Cet exode rural pourrait contribuer à déstabiliser une économie traditionnelle encore fondée sur le troc.  

L’utilisation de l’argent liquide est réservée à, à peine, 25 % de la population. De fait, il circule peu dans des îles où l’échange par l’intermédiaire d’un commerçant est considéré comme un renoncement à l’esprit mélanésien.

Résultat : les familles payent souvent l’école de leurs enfants en nature avec les produits de la terre. En dépit des recommandations de la Banque mondiale, le pays a conservé une agriculture vivrière (80 % des habitants sont paysans) etqui lui permet une telle pratique. L’économie de troc a bien résisté à l'augmentation de la population (environ 50 % en 30 ans).

Pêcheur du Vanuatu dans le lagon d'Erakor près de la capitale Port Vila (2-8-2010) (AFP - Torsten BLACKWOOD)

La croissance n’en a pas moins baissé ces dernières années : elle était de 7,2 % en 2008, elle n’était plus de 3 % en 2010. République parlementaire, le Vanuatu est considéré comme l’un des pays les plus pauvres du monde. Devenu en 2011 le 154e membre de l’Organisation mondiale du commerce, il a rejoint le groupe des tout petits Etats membres comme le Liechtenstein ou Sainte-Lucie. Il est connu pour être un paradis fiscal puisqu’on n’y paye pratiquement pas d’impôt. Ses recettes proviennent pour une bonne part des droits de douane. Ainsi que des revenus liés aux pavillons de complaisance…  


Clivage linguistique
Avant son indépendance acquise en 1980, l’archipel était un condominium franco-britannique. Ce qui explique qu’aujourd’hui, il reste marqué par un clivage linguistique entre anglophones (60 % des habitants) et francophones (40 %). Les premiers Européens sont arrivés au XVIIe.

Florissant au début du XIXe, le commerce du bois de santal a cédé la place vers 1870 à des recruteurs de main d’œuvre pour les industries de canne à sucre des îles Fidji et du Queensland (Australie), et les mines de nickel de Nouvelle-Calédonie. Décimées par les épidémies apportées par les navires, la population autochtone est passée d’un million d’habitants au début du XIXe à 100.000 en 1890 et 45.000 en 1935. Certaines îles ne conservant que 5 % de leur population initiale.

Vue du village de Namakara, sur les pentes du volcan Yasur, dans l'île de Tana (AFP - Torsten BLACKWOOD)

 

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