Le Tibet bouclé pour le 50e anniversaire du soulèvement
Comme il y a cinquante ans, les bruits de bottes résonnent au Tibet et dans toutes les zones tibétaines de l'ouest de la Chine. L'ensemble de la région bouclée par les autorités chinoises représente un quart du pays (le Tibet lui-même plus des secteurs du Qinghai, du Sichuan et de Gansu).
_ C'est dans ce contexte que deux bombes artisanales de faible puissance ont explosé hier dans une exploitation forestière isolée de la province de Qinghai, dans une zone de peuplement tibétain, selon l'agence de presse officielle Chine Nouvelle. Aucune victime n'était signalée. Deux véhicules officiels ont été endommagés : une voiture de police et une autre de pompier. Des affrontements auraient eu lieu un peu plus tôt entre des habitants et des policiers selon Chine Nouvelle.
Des évènements difficiles à vérifier, car tous les étrangers, y compris - surtout ? - les journalistes ont été “invités” à quitter toutes les régions où vivent des Tibétains : “Normalement, c'est un lieu ouvert et vous seriez bienvenus. Mais à cause de cette situation spéciale, ce n'est pas pratique”, expliquait une membre du bureau des affaires étrangères de la préfecture de la province de Ganzi à des journalistes présents dans la ville sino-tibétaine de Kangding.
_ Les connexions internet et les services SMS ont été suspendus il y a déjà deux semaines dans certaines des provinces concernées. Les contrôles aux frontières ont été renforcés, officiellement pour prévenir
toute perturbation par les partisans du Dalaï Lama.
Une équipe de France 24 en a fait les frais : les policiers chinois ont arrêté les trois membres de l'équipe et les ont retenus pendant plusieurs heures alors qu'ils réalisaient un reportage dans une province chinoise limitrophe du Tibet.
Blindés, patrouilles armées et sacs de sables
A l'intérieur même des régions bouclées, le dispositif policier s'apparente à une occupation militaire, avec convois de blindés et postes de surveillance fortifiés avec des sacs de sable. Des patrouilles armées semblent circuler, en particulier autour des monastères bouddhiques, comme à celui de Rongwo à Tongren. Les émeutes de l'an dernier étaient en effet parties des communautés monastiques, ulcérées par le contrôle religieux imposé par Pékin.
La semaine est particulièrement sensible. C'est en effet aujourd'hui, le 50e anniversaire du soulèvement du 10 mars 1959, violemment réprimé par Pékin, qui avait marqué le début de l'exil indien du Dalaï Lama.
_ Samedi, ce sera celui de la manifestation anti-chinoise du 14 mars 2008, point de départ des plus violentes émeutes qu'ait connu le Toit du Monde depuis des décennies.
Mais la chape de plomb coulée par Pékin n'a semble-t-il pas empêché les manifestations. Selon un site tibétain Phayul.com, et l'organisation
des Etudiants pour un Tibet libre, des dizaines de moines du monastère de Gomang dans la préfecture d'Aba ont défilé en scandant “Longue vie au Dalaï Lama” et “nous voulons les droits de l'Homme” en soutien à un moine d'un monastère voisin qui s'était immolé pour dénoncer la répression religieuse.
Grégoire Lecalot, avec agences
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