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Le "11 septembre du Pakistan"

Au lendemain de l’attentat au camion-piégé perpétré contre l’hôtel Marriott d’Islamabad, le bilan -toujours provisoire- fait état de 53 morts et 266 blessés. Un attentat-suicide en deux temps, deux explosions, comme l’attestent les caméras de surveillance de l’hôtel…
Article rédigé par franceinfo
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Au volant de son camion-suicide, le kamikaze a défoncé la barrière de sécurité qui protège cet hôtel de quelque 300 chambres, au cœur d’Islamabad (Pakistan). Avant de venir buter sur une herse qui se relève automatiquement à chaque fois qu’une voiture a été fouillée par les gardes. Le kamikaze a ensuite actionné une première bombe, de faible puissance, qui a mis le feu à la cabine.

Sur le document filmé par les caméras de surveillance de l’hôtel, on aperçoit les gardes attaquer l’incendie à l’aide d’extincteurs. Au bout de quelques minutes, la vidéo s’interrompt : la caméra est détruite par la seconde explosion, qui dévaste totalement l’hôtel. Six cents kilos de TNT et de RDX -des explosifs de très haute qualité- dissimulés à l’arrière de ce très gros camion de couleur sombre.

Selon différentes hypothèses, la deuxième bombe a été mise à feu, soit par l’incendie déclenché par la première, soit par un retardateur, soit commandée à distance par des complices. La suite, on la connaît depuis hier : un cratère de 18 m de large et près de 8 m de profondeur au pied de l’hôtel, 53 morts, selon un bilan toujours provisoire. Parmi eux, l'ambassadeur de la République tchèque et deux militaires américains dépendant de l'ambassade des Etats-Unis. L'attaque a également fait plus de 250 blessés.

La signature d’Al-Qaïda

Passé l’effroi de cet attentat commis en plein ramadan -l’un des plus meurtriers de ces dernières années (lire notre encadré), les autorités pakistanaises désignent les groupes terroristes liés à Al-Qaïda. "Tous les chemins conduisent aux FATA" (les zones tribales du nord-ouest pakistanais, frontalier avec l’Afghanistan, repaires des combattants islamistes proches d’Al-Qaïda et des talibans afghans, ndlr), accuse le Premier ministre chargé de l’Intérieur Rehman Malik.

Si personne n’a encore revendiqué cette attaque -"Le 11 septembre du Pakistan", selon le Daily Times, les spécialistes du réseau d’Oussama Ben Laden estiment depuis des mois que le nord-ouest du Pakistan est devenu le nouveau front de la guerre contre le terrorisme. Depuis des semaines, les drones américains tirent quasi-quotidiennement des missiles dans ces zones tribales, tuant des combattants d’Al-Qaïda ou des talibans, mais aussi des civils.

Dès hier soir, le nouveau président pakistanais Asif Ali Zardari a réaffirmé sa détermination à éliminer le "cancer" du terrorisme. L’attaque meurtrière contre l’hôtel Marriott n’était sans doute pas étrangère aux prises de positions du président Zardari, perçu dans son pays comme à l’étranger, lui aussi comme "l’homme des Etats-Unis".

Gilles Halais avec agences

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